samedi 8 septembre 2007

D'Internet en festivals, Bigg le rappeur et Hoba Hoba Spirit enflamment les jeunes Marocains

Enfin la jeunesse marocaine est en phase avec ce qui se passe dans le monde. On n'est plus dans un ghetto." Parole d'expert : la remarque vient de Réda Allali. L'homme n'est plus tout jeune (36 ans) mais il est aux premières loges pour observer la génération montante. Son groupe, Hoba Hoba Spirit, fait un tabac dans le royaume : plus de 40 000 spectateurs cet été à Casablanca, deux fois plus au festival d'Essaouira. "On est toujours surpris par le succès que l'on rencontre", dit Réda. Et pas seulement au Maroc. Depuis le printemps, Hoba Hoba Spirit - inutile de chercher une signification au nom du groupe, il n'y en a pas - a sillonné l'Espagne, la Suisse, la Tunisie, la France, l'Algérie.

Difficile de cataloguer sa musique. C'est un mélange de rock, de reggae, de chaabi (la musique populaire) sur des textes qui, mêlant arabe dialectal et français, parlent avec humour et finesse de tout et de rien, de Casablanca et des poncifs que la ville traîne avec elle, des images déversées par les télés occidentales, des élections "science-fiction", des bien-pensants, des policiers qui, de l'autre côté de la Méditerranée, "gardent les frontières/Ils sont armés jusqu'aux dents et ils surveillent la mer/Avec des barbelés et des chiens policiers/Pour empêcher les affamés de débarquer".

Le succès de Hoba Hoba Spirit tient du miracle. Le groupe est né il y a près de dix ans, par hasard et sans ambition précise, dans un quartier de Casablanca. A l'époque, Réda, guitariste et parolier du groupe, était jeune ingénieur chez IBM. Passant d'un groupe à l'autre, les musiciens étaient des nomades. L'arrivée d'Internet, la floraison des radios, la multiplication des festivals ont tout changé (celui d'Essaouira, le plus populaire, a drainé, cette année, 400 000 personnes en quatre jours). Hoba Hoba Spirit a trouvé un public.

Et le miracle s'est répété pour d'autres. Aujourd'hui, une demi-douzaine de groupes existent au Maroc. Ils ont créé, chacun dans leur genre, quelque chose d'original, et en vivent. Venu de Meknès, H-Kayne (littéralement, "Qu'est-ce qui se passe", mais avec un jeu de mot autour de la lettre H comme haschich) est le groupe phare de la scène hip-hop marocaine. Amarg Fusion, né à Agadir, marie reggae et instruments de musique berbère, tandis que Darga (Cactus) pratique un reggae festif.


CULOT MONSTRE


Et puis il y a Bigg, la grande gueule du rap marocain, 26 ans, un bon quintal, une créativité et un culot monstres. Dans l'un de ses titres, il a réussi la prouesse de parler de l'ancien bagne de Tazmamart, du général Oufkir, des gros bonnets de la drogue et d'un commissaire de police violeur en série !

Aucune maison de disques n'a encore mis le grappin sur ces groupes. Ils produisent et commercialisent eux-mêmes leur musique avec des méthodes artisanales. La sortie des nouveaux titres est annoncée sur la Toile avec la liste des boutiques où le CD sera disponible. La promotion ? Elle se fait sans plan médias, mais avec efficacité. Bigg le rappeur a fait, il y a quelques mois, la "une" du Journal, hebdomadaire des plus sérieux. Le piratage instantané des nouveaux albums, qui ramène à quelques semaines leur espérance de vie commerciale ? "Cela ne nous gêne pas. Cela fait partie du jeu", lâche Réda.

Les groupes vivent exclusivement des cachets versés par les sponsors des festivals (l'entrée y est gratuite) et, dans de rares cas, de l'utilisation publicitaire de leur image. Bigg est ainsi lié par contrat à Maroc Télécom, principal opérateur de téléphonie du pays. "Est-ce qu'ils vont réussir à tenir si leur survie économique dépend des seuls festivals ? Il faudrait définir une politique culturelle. Or l'Etat s'en désintéresse. Il est absent", nuance un organisateur de festival.

Le succès phénoménal de cette jeune scène musicale ne fait pas que des heureux. Des partis politiques ont la dent dure contre ces groupes accusés pêle-mêle de faire le jeu des Israéliens, d'être inféodés aux Américains, de se livrer à des cultes sataniques et de faire l'apologie des l'homosexualité. "L'oppression principale vient de la société, pas du pouvoir", avance Réda. Mais il y a aussi ceux qui ont compris que ces artistes sont des vedettes qui drainent les foules et dopent les audiences. Même la télévision publique, peu connue pour ses audaces, commence à les accueillir pour des émissions en direct. Et pour rajeunir son image vieillotte, le parti socialiste marocain, l'Union socialiste des forces populaires (USFP), a eu l'idée d'inviter Bigg et Hoba Hoba Spirit à se produire en concert à Casablanca. De mémoire de militant, jamais une "fête de la rose" n'avait connu pareil succès.

Jean-Pierre Tuquoi
LeMonde

ElectionsCom’. Une campagne new age

Les partis politiques utilisent de nouvelles techniques pour séduire l'électorat qui les boude. Spots télé, SMS, blogs, journaux de campagne… ça communique tous azimuts, c’est moderne, hype… et souvent décalé !
Sur 2M, courant de la semaine, le secrétaire général d'un parti de troisième division se présente aux citoyens : “nous sommes un parti progressiste, ni de droite, ni de gauche. Nous avons parmi nous aussi bien des ouvriers que des hommes d'affaires. Notre programme ? Trop long pour le détailler, mais j'essaierai de vous en dire quelques mots”. Suite à quoi, le vieux politicien remet ses lunettes et plonge dans ses papiers, tandis que le téléspectateur a sans doute déjà zappé. Les quelques mots que voulait glisser ce candidat tombent dans l'oreille d'un sourd à cause d'une communication d'un autre temps, qu'on dirait tout droit sortie des archives de Dat El Brihi. Mais ne jetons pas la pierre à toutes les formations politiques lancées à la conquête du Parlement. Depuis quelques jours, les électeurs ont droit aussi à quelques bonnes surprises durant la campagne électorale. Sites Internet interactifs, films institutionnels, SMS… les principaux partis politiques usent depuis peu des NTI et de la communication ciblée.
C'est ainsi qu'à l'Istiqlal, on a remisé au placard Abbas El Fassi, lui laissant les meetings traditionnels, pour mettre en avant la jeune garde des ministres du parti dans les spots télé. Le téléspectateur a ainsi pu voir Adil Douiri et Karim Ghellab parlant du chômage, debout, avec une gestuelle à la Al Gore. Ils sont jeunes, ils présentent bien, c'est de l'or en barre pour vendre les idées de l'Istiqlal. Cependant, le parti de la balance se défend d'avoir fait un quelconque casting. On préfère parler d'action gouvernementale à défendre : “Nous avons fait appel à eux car ils sont ministres en exercice et que nous avons, avant tout, un bilan à défendre”, disent les Istiqlaliens. Certes, mais à une nuance de taille que relèvent, telle une évidence, beaucoup de spécialistes de la communication : “Aujourd'hui, un parti politique ne vaut plus uniquement par ses idées, mais aussi par l'image qu'il véhicule. Nous passons de l'ère de l'idéologie à celle de l'imageologie”, analyse Younès Bellatif, patron de Convergences conseils, agence spécialisée dans le coaching des dirigeants.
Télé : plus c'est court, plus c'est efficaceC'est clairement à la télé, média de masse par excellence, que le changement est le plus perceptible. Les spots diffusés par les partis politiques sont réalisés par des agences de communication et utilisent la technique du micro-trottoir. Les thèmes cernés sont ceux mis en relief par le dernier sondage de 2007 Daba d'où il ressort qu'une campagne électorale efficace doit parler du chômage et de la pauvreté. Message entendu 5 sur 5 par le PPS avec son film institutionnel “Exprime-toi”, un court-métrage réalisé par Younes Reggab, sur une BO de H-Kayne. Les témoignages des citoyens s'y veulent édifiants. Extraits : “Je vis dans la saleté, se lamente une bidonvilloise. Ici, les garçons commencent à se droguer à 16 ans parce qu'ils n'ont pas de boulot, pas d'avenir”. “Je sais que je ne trouverai pas de travail car je n'ai pas de piston”, renchérit un jeune.
“Les partis politiques jouent la carte de la vérité parce qu'ils savent que le citoyen ne croit plus aux discours politiques”, analyse encore Younes Bellatif. Cela dit, même si le langage a changé au sein des grands partis, ce n'est pas encore le cas chez les petits poucets de la politique. Question de moyens, sans doute. Ainsi, un film institutionnel nécessite pas moins de 200 000 dirhams. Une formation comme le PSU n'a pas pu s'offrir ce luxe. Sur recommandation de 2007 Daba, le parti a certes fait appel aux services d'une agence casablancaise pour préparer ses spots télé et les interventions des ses cadres. Mais il a laissé tomber le projet à la dernière minute quand il a découvert le devis : 390 000 DH. Com' nouvelle ou pas, le nerf de la guerre électorale ne change pas. Il faut de l’argent.
Les NTI appelées au secours“ça bouge à la télé”, pour reprendre la célèbre formule des années 80. Et ça s'agite furieusement sur le Net, car les coûts y sont dérisoires. La majeure partie de la campagne du PPS se fait via Internet, un projet clé en main confié à l'agence Back Office. Sa mission: élaborer et mettre à jour le contenu du site www.pps-maroc.com et ses trois composantes : blogs, forum et le site de la campagne. Résultat : plus de 3500 visites par jour et 135 adhésions en un mois.
Les internautes viennent chatter avec les membres du bureau politique qui tiennent des blogs. Ces derniers y font parfois des révélations, à l'instar de Nouzha Sqalli. Elle a expliqué dans un “post” que son éviction de la liste nationale a été fomentée par un lobby au sein du parti. D'autres se la jouent à l'américaine, à l'image de l'ex-journaliste Anouar Zyne. Ce dernier, candidat de l'Union Constitutionnelle à Hay Hassani, à Casablanca, fait sa promo essentiellement sur le web grâce à des clips où il explique son programme en darija. Son objectif déclaré : contrer l'islamiste Saâdeddine
El Othmani. Même le Mouvement populaire, parti à l'image plutôt rurale, s'est mis aux NTI. “Nous sommes fiers de notre base rurale, mais nous aspirons également à plus de modernité”, explique ainsi Mohamed Ouzzine, directeur de la campagne du MP. Ce parti s'est notamment bâti une base de données de 100 000 électeurs potentiels, avec leurs numéros de portable, afin de les informer via sms sur le programme de la formation et le déroulement de la campagne.
C'est sûr, ça fait plus moderne qu'une zerda traditionnelle et une visite au souk du coin. Mais ne nous leurrons pas, le tract reste un classique indémodable. Le bon vieux papier est le vrai fer de lance de la campagne électorale. Mais là aussi, le lifting a bien eu lieu. Les partis accordent plus d'importance au traitement de l'image et aux choix des couleurs de leurs affiches, banderoles, bâches imprimées en numérique, sérigraphie, flyers, dépliants… Deux formations ont carrément sorti des journaux de campagne, le PJD (30 000 exemplaires tirés trois fois par semaine) et le RNI (25 000 exemplaires par jour). Dans cette foire à l'écrit, les partis du gouvernement ont un même objectif : défendre leur bilan. C'est même une première à l'USFP, dont les brochures des candidats reprennent les réalisations du gouvernement sortant, où le parti est représenté en force avec sept ministres. Mais l'Oscar de la proximité revient au PPS. Afin de séduire les jeunes, la formation d'Ismaïl Alaoui est la seule à avoir concocté des dépliants en darija, “le langage de la vérité”, selon les termes du jeune Youssef Blal, jeune cadre du parti et fils d'une figure emblématique des anciens communistes : Aziz Blal.

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Partis-Agences de com’. Un mariage de cœur ou de raison ?

“Le volontariat et la débrouillardise dont faisaient montre les militants cèdent la place à l'expertise. Mais en même temps, les partis n'ont pas lâché les modes de gestion de la communication basés sur le flair, la formation sur le tas et l'expérience de terrain”, explique Driss Aïssaoui, directeur de l'agence A2Z Communication, qui pilote la campagne de l'USFP. En effet, les nouveaux outils de communication n'ont pas remplacé le bon vieux porte-à-porte, les sorties des mosquées, des hammams et les tournées dans les lieux publics. “Il faut d'abord que chaque domicile soit au courant. Ensuite, nous sélectionnons les foyers satellites qui peuvent diffuser notre message”, explique Najib Akesbi, numéro 2 de la liste du PSU à Rabat-Océan. Même les formations ayant fait appel à des spécialistes ne leur ont pas délégué toute leur communication. “Il y a un phénomène de distanciation nécessaire et d'appropriation de la culture interne propre à chaque formation politique, qui n’est pas toujours aisé à assimiler de part et d'autre dans ce processus de rapprochement agence/parti politique”, ajoute Aïssaoui. Alors, pour servir un parti, une agence doit-elle être sympathisante? Oui, à en croire l'agence Back Office, dont la fibre socialiste l'a poussée à choisir le PPS comme client.

El Himma. La surprise du chef




Le 7 août, Fouad Ali El Himma n'était officiellement plus le numéro deux du régime, mais un simple candidat à la députation, représentant la région des Rhamna. Personne n'avait vu venir le coup, même au sein du gouvernement et de la nomenklatura politique, incrédules. Comment expliquer un tel coup de théâtre, comment trancher si le départ a été voulu ou forcé, à quoi nous prépare-t-on ?
Démission ou licenciement ? Selon la version de l'agence officielle MAP, c'est El Himma lui-même qui a demandé à partir, pour se présenter aux élections. Sans plus. Le ton de la dépêche, relativement neutre, ne renseigne pas davantage sur les motivations profondes de ce départ-surprise. Extrait : “Le souverain a donné sa haute bénédiction à la demande de M. Fouad Ali El Himma de voir mettre fin à ses fonctions de ministre délégué à l'Intérieur et a bien voulu accéder à son souhait de se présenter aux prochaines élections législatives”. Assailli de questions, El Himma a eu pratiquement la même réponse pour tous : “Ma démarche ne répond à aucun agenda politique”. L'ancien ministre laisse ainsi entendre que ce qui s'est passé ne répond à aucun calcul et qu'on ne risque pas de le voir, comme on peut légitimement le penser, briguer un nouveau mandat ministériel (la primature ?) dans quelques semaines. A voir. “Si ce départ n'obéit réellement à aucun calcul politique, et si El Himma a délibérément choisi de troquer son portefeuille ministériel contre un éventuel mandat de député de Benguérir (chef-lieu des Rhamna), c'est que sa démission est réellement un éloignement”, nous fait remarquer cet observateur. En effet. Entre numéro deux du royaume et numéro un des Rhamna, il n'y a pas photo.
Dans tous les cas, il va sans dire que la surprise du chef a traversé, dès son officialisation le 7 août, le landerneau politique comme une onde de choc. “Quoi ? El Himma parti ? Et, qui plus est, pour se présenter aux élections ?”. Personne n'a encore fait le tour de la question. Mais tous, à des degrés différents, ont eu raison de s'inquiéter du départ de “Si Fouad”. “Partis et décideurs ont été d'un seul coup privés de leur interlocuteur numéro un, ils se sont un peu retrouvés orphelins de la voix du Makhzen”, résume cet observateur. El Himma s'occupait de tout, même s'il ne gérait pas à lui seul tous les dossiers. Consulté, écouté, son champ d'intervention était si large que l'imaginer un seul instant loin des affaires, et ne s'occupant plus de rien (sinon de sa campagne électorale), peut, effectivement, ébranler le quotidien de l'élite marocaine. Ce n'est pas tout : en quittant le gouvernement avant de se présenter aux élections, le numéro deux du régime met à mal les ministres candidats aux élections (ils sont treize dans ce cas) qui, eux, n'ont pas quitté leurs fonctions… Même si personne n'a imité El Himma, son initiative, quelles que soient ses motivations, a valeur de symbole. Et un symbole positif. Un ministre qui démissionne (ou que l'on démissionne) avant de se porter candidat aux élections est une pratique nouvelle, qui participe bien à la moralisation de la vie politique. Qui peut dire le contraire ?
La théorie de la “démission sincère du citoyen El Himma” a, bien entendu, ses adeptes. Qui se gardent bien de se projeter au-delà des élections. Ecoutons, par exemple, le point de vue de Jamal Berraoui, un journaliste qui connaît bien le profil du personnage. “Pour moi, il n'y a aucune manœuvre politique là-dedans. La démarche me semble sincère parce qu’El Himma a grandi avec la perspective de participer à la gestion de la chose publique, à faire directement de la politique. En se portant candidat aux législatives, il va dans le sens d'un Maroc des institutions (Parlement, gouvernement, etc.), et il prouve que toute la littérature sur le nouveau Basri, l'homme fort du régime, etc., ne tient pas la route”.
Futur Premier ministre ?D'autres observateurs, plus ou moins proches des affaires du sérail, soutiennent mordicus que, congédié ou pas, El Himma n'aurait eu l'idée de démissionner pour se présenter aux élections qu'après avoir essuyé une colère royale. Selon cette théorie, invérifiable pour le moment, le souverain aurait clairement reproché à son (ancien ?) bras droit la gestion courante des soubresauts de l'actualité marocaine du début d'été : vrai-faux départ de Mounir Majidi, implication des militaires dans l'affaire Al Watan, etc. “La tension, déjà palpable entre les deux hommes, a décuplé au lendemain de l'escapade d'El Himma au poste-frontière de Bab Sebta, début aôut, quand il a fait irruption pour donner des instructions aux uns et aux autres et chambouler tout le service d'ordre de part et d'autre de la frontière maroco-espagnole”. Les adeptes de la théorie du clash soutiennent qu'un poste de wali aurait même été suggéré à El Himma, avant que ce dernier ne trouve le moyen de maquiller “honorablement” sa sortie en se présentant aux élections… Intéressant, mais invérifiable.
Il est par ailleurs intéressant de relever que dans toute l'histoire marocaine, jamais un haut responsable n'a démissionné pour se présenter aux élections. A une exception, survenue en 1977, comme nous le relate l'historien Abdellatif Jebrou. “Le régime voulait à l'époque le retour du Docteur Benhima au poste de ministre de l’Intérieur, en lieu et place de Haddou Chiguer. On a donc invité ce dernier à se présenter aux élections, chose qu'il a faite (sous la bannière du RNI, alors tout nouveau parti fondé par Ahmed Osman)… pour céder effectivement la place à Benhima. En gros, c'était une comédie mise en scène par le système”.
L'anecdote de Chiguer donne pour le moment du crédit à la théorie du clash/ éloignement d'El Himma. Mais l'histoire récente nous enseigne qu'un éloignement n'est pas forcément définitif. Rochdi Chraïbi, discret mais proche conseiller royal, n'a-t-il pas été tenu à l'écart des affaires avant d'opérer un retour en douce depuis quelques mois ? Mounir Majidi, argentier du roi, n'a-t-il pas été sérieusement ébranlé par l'affaire des terrains des Habous, avant de revenir en grâce, comme si de rien n'était ? Et puis, en l'état actuel des choses, le Pouvoir peut-il se permettre d'échanger, en un claquement de doigts, un El Himma, homme de tous les dossiers chauds, contre un El Himma député des Rhamna ? Pas si simple.
Pour commencer, le candidat El Himma a toutes les chances de remporter un nouveau mandat de député, lui qui a déjà représenté les Rhmana, sa région natale, entre 1995 et 1997. Au lendemain des élections, il peut parfaitement être coopté dans la prochaine configuration gouvernementale. Et là, toutes les éventualités sont envisageables, même celle d'un El Himma Premier ministre. Ce serait une (petite) défaite pour la démocratie dans le sens où la primature devrait revenir au leader d'un parti sorti vainqueur des urnes. Mais, après tout, Driss Jettou, technocrate et sans appartenance politique, n'a-t-il pas été porté à la primature en 2002, au lendemain des premières élections honnêtes du royaume ?
Ce cas de figure n'est pas le seul. Il en existe un autre, intermédiaire, qui pourrait arranger tout le monde : le candidat El Himma franchit avec succès l'examen des élections et rejoint la cohorte des conseillers royaux. Ce ne serait pas illogique. Car, alors, le long vécu du personnage (23 ans dans les couloirs du ministère de l'Intérieur !) ne partirait pas en fumée...



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Campagne. Monsieur est un “SEP”


“Je ne suis pas un SAP (sans appartenance politique), mais un SEP (sans étiquette politique)”, répond Fouad Ali El Himma à ceux qui ont fait le déplacement aux Rhamna, pour suivre sa campagne électorale. Le message est clair : “Je ne peux pas me présenter sous la bannière d'un parti existant, mais je suis bien un politique”. L'ancien ministre délégué à l'Intérieur fait partie des 13 SAP (pardon, SEP) qui se présentent aux élections du 7 septembre. Il a recueilli, d'après son entourage, plus de 600 signatures, dont celles de 80 élus de la région. Le candidat El Himma conduit par ailleurs une liste de trois personnes, avec Hamid Narjiss, qui n'est autre que son oncle (et directeur de l'Institut national de recherche agronomique), et Fatiha Layadi, responsable au ministère de la Communication et ancienne journaliste. La liste compte bien rafler les trois sièges en jeu aux Rhamna. Et elle a des chances d'y parvenir, malgré la forte concurrence de partis comme le RNI, l'USFP, voire l'Istiqlal ou le PJD. Sur le terrain, la population semble en partie croire que le candidat a été “envoyé (par le Palais)”. “Rahoum sayfouth lina”, répètent ainsi à volonté femmes et hommes des Rhamna. “Avec lui, au moins, on est sûrs que notre région bénéficiera davantage des effets du développement humain”. Car les Rhamna est une région pauvre, au rendement agricole bien en deçà de ses potentialités (“D'où le choix du tracteur comme icône de la liste El Himma”, explique-t-on dans son entourage) et dont l'un des chefs-lieux, Benguérir, a entamé une mort lente depuis l'inauguration de l'autoroute Casablanca - Marrakech. Enfin, retenons pour le fun que la campagne du candidat El Himma a reçu le soutien de nombreuses personnalités, parfois inattendues, comme les footballeurs Hassan Nader ou Mustapha El Haddaoui, l'athlète Hicham El Guerrouj, des personnalités de la société civile comme Mohamed Mjid, Ahmed Khchichen, etc.


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Plus loin. Un candidat pas comme les autres

Fouad Ali El Himma simple candidat à Benguérir a quelque chose d'irréel. Car l'homme est le principal interlocuteur de toute la classe politique réunie, celui, pour reprendre l'expression d'un observateur, “qui la mène par le bout du nez”. En plus d'être le plus proche collaborateur du roi. Que cet homme quitte son piédestal pour plonger dans la mêlée électorale, et nous voilà noyés dans un bain d'interrogations. Désolés, on n'a pas l'habitude. Le Maroc n'a pas connu d'homme abandonnant son costume de numéro deux pour un hypothétique siège au Parlement. Ce serait trop beau. Maintenant, la candidature d'El Himma pose une série de problèmes. Le combat peut-il être équitable entre ce ponte de l'Intérieur, largement perçu par les autochtones comme étant “l'envoyé (du Palais)”, et les autres candidats de la région des Rhamna ? Les autorités locales peuvent-elles rester de marbre devant ce candidat qui les coiffait de son autorité, il y a quelques semaines encore ? Et puis, se présenter sans appartenance politique n'est-il pas incommode dans un pays qui bat campagne pour inciter les gens à adhérer aux partis politiques ? Ces interrogations méritent réflexion même si, de toute évidence, la candidature d'El Himma semble répondre à d'autres desseins. L'homme doit avoir son avis sur la question. Nous, on a juste l'impression qu'une redistribution des cartes est peut-être en train de s'opérer dans les coulisses. L'éclipse officielle d'El Himma renforce aujourd'hui, de facto, les prérogatives d'un Chakib Benmoussa, ministre de l'Intérieur, voire d'un Yassine Mansouri, l'autre spécialiste du renseignement et de la gestion (plus discrète) des dossiers chauds. Mais son arrivée au Parlement promet, elle, de perturber ses futurs occupants, mais aussi la prochaine équipe gouvernementale. Bien malin celui qui pourrait en dire plus. Pour le moment.



Karim Boukhari
TelQuel

mardi 4 septembre 2007

la ville nouvelle de Bab Zaers

Le site est splendide. Un paysage de collines cuites par le soleil, des champs de blé qui attendent d'être retravaillés. Au loin, la touche verte d'une forêt d'eucalyptus. Pas un bruit, sauf celui d'un vent chaud. Pas une habitation hormis, deux fermes et un haras oublié. Pas un être humain mais des centaines de sangliers qui déambulent en groupes sur les rares chemins de terre.
Nous sommes sur la commune d'Oum Azza, à moins de 30 kilomètres de Rabat, la capitale marocaine, et de son agitation. Et cette proximité va bouleverser le destin de cette terre oubliée d'Oum Azza : une ville nouvelle va surgir ici, sur ce domaine agricole de plus de 3 000 hectares, soit la moitié environ de la surface de Paris. Elle s'appellera Bab Zaers.
Les plans de masse en sont déjà dessinés. L'administration a donné un premier feu vert de principe. Les capitaux devraient suivre. "L'été prochain sera donné le premier coup de pioche. Les habitants commenceront à s'installer dans trois ans. Et d'ici quinze ou vingt ans, 80 000 personnes vivront ici", assure celui qui est le coordinateur du projet, l'économiste Benabderrazik El-Hassan.

SOUCI D'AUTONOMIE
La démographie commande. Posée en bord de mer, corsetée par le chapelet de villes qui l'entoure, Rabat est à l'étroit. Les loyers y sont devenus prohibitifs tandis que l'agglomération n'en finit pas de s'étaler. Sa population a plus que doublé en une décennie. D'où les projets de villes nouvelles. Bab Zaers n'est pas le seul. Sur le même axe, l'Etat a lancé les travaux de Tamesna, une ville-champignon qui, à terme, accueillera 250 000 habitants. Qu'est-ce qui fera l'originalité d'Oum Azza ? Peut-être ce souci de ne pas être une cité-dortoir, mais une ville autonome. "On ne veut pas que la transhumance soit la règle. Près de 70 % de la population vivra sur place", assure M. El-Hassan.
Le futur parc industriel - orienté vers les services - en emploiera une partie. D'autres travailleront sur les exploitations agricoles qui nourriront la population locale. Souci d'autonomie aussi en matière d'eau, une denrée de plus en plus rare. En 2008, commencera la construction d'une douzaine de petits barrages qui recueilleront l'eau de pluie pour permettre à Bab Zaers d'être autosuffisante. "On veut peser le moins possible sur les services publics, dont les moyens dans les pays du tiers-monde sont limités. On a travaillé dans ce but avec des cabinets indiens. Dans leur pays, ils sont confrontés au même problème", dit l'architecte du projet, Tarik Oualalou, présent au Maroc, en France et aux Etats-Unis.
Hormis l'élargissement de la route qui mène à Rabat et le renforcement du réseau électrique, l'Etat n'aura pas un dirham à débourser. Les travaux d'infrastructures sont pris en charge par la société d'aménagement privée, tout comme les bâtiments publics de la future ville (école, centre de santé, poste de police et de gendarmerie). Ils seront soit loués à l'Etat soit cédés à titre gratuit (mosquées).
"Nous avons offert plusieurs dizaines d'hectares pour une future université. Le site se prête à l'installation d'un campus convivial", ajoute M. El-Hassan. Pour le reste, le schéma est plus classique. Une fois les infrastructures de base achevées (routes, réseau d'eau, d'assainissement...), la société d'aménagement du site va progressivement vendre des parcelles que lotiront des promoteurs."Le cahier des charges sera strict", affirme M. Oualalou. Il y aura beaucoup de verdure, pas de barre de béton ni d'immeubles de plus de quatre ou cinq étages. "Il fera bon vivre dans cette ville où toutes les couches sociales seront représentées", dit-il.

"PRINCE ROUGE"
Le côté piquant de l'affaire tient à l'identité du père du projet, qui n'est autre que le "prince rouge", Moulay Hicham, le cousin germain du roi Mohammed VI, avec qui il entretient des relations distantes et compliquées. Propriétaire des terrains de la future ville avec d'autres membres de sa famille, Moulay Hicham assure qu'il n'aura guère de mal à mobiliser des investisseurs marocains et étrangers pour financer les travaux d'aménagement (150 millions de dollars pour la première tranche) et faire venir des promoteurs. Il sait que rien ne pourra se faire contre la volonté de son royal cousin. Si la ville nouvelle sort de terre, elle scellera peut-être la réconciliation entre les deux hommes.

Jean-Pierre Tuquoi
Le Monde

lundi 3 septembre 2007

Des élections sans enjeu



Les Marocains semblent se désintéresser des élections législatives du 7 septembre. Entre une presse étroitement surveillée et des résultats que le palais compte bien contrôler, l'enjeu est en effet mince. Reste la rue pour s'exprimer... et Internet pour se défouler.
Vendredi 7 septembre, le Maroc se choisit un nouveau Parlement. Mais de toute façon, le résultat de ces élections se décidera au palais et nulle part ailleurs. Non pas que les autorités marocaines s'abaisseront à bourrer les urnes. Non, pourquoi des solutions aussi vulgaires alors qu'il suffit de travailler un peu en amont pour éviter les mauvaises surprises ? Par exemple, pour être sûr de ne pas avoir de majorité absolue, il suffit d'un mode de scrutin qui favorise les petits partis. Ils seront 33 à se disputer vendredi prochain le vote des Marocains.
Il suffit ensuite de redécouper habilement les circonscriptions électorales. Ou encore de s'assurer de la loyauté des principaux partis et candidats. Bref, le Maroc officiel s'est depuis longtemps préparé à cette élection et à son résultat. Tous les Marocains savent cela. Le défi est d'en trouver la trace dans des quotidiens et magazines locaux étroitement surveillés. Pour avoir simplement effleuré ces questions qui fâchent, le directeur des hebdomadaires Nichane et TelQuel est poursuivi par la justice marocaine pour "manque de respect envers le roi". Aussi pour trouver dans la presse marocaine un peu de vérité sur ces élections, il faut faire œuvre d'archéologue et avec un pinceau délicat aller chercher les perles au milieu de dizaines et de dizaines d'articles tous plus convenus les uns que les autres.
Prenez le quotidien Le Matin par exemple. Dans un article intitulé "La campagne est là et la vie continue", le journaliste est allé à la rencontre des Marocains. Premier constat pour ce confrère faussement surpris, la question qu'on lui pose le plus souvent est : "Quand est-ce qu'on vote ?" On est tout de même à une semaine du scrutin. Et puis ajoute-t-il, "mis à part quelques bureaux d'information difficilement repérables", rien n'indique l'approche d'une élection importante. Pire encore : "Les bureaux en question ont nettement moins de succès que les vendeurs de sandwichs ou de gadgets made in China." L'explication est toute simple. "Les commerçants, eux, vendent de vraies marchandises et pas des paroles en l'air." Et toc.
Il y a ceux qui répondent qu'une fois les élections terminées, il faudra attendre cinq ans pour revoir un élu, sauf peut-être à la télévision. Et puis il y a ceux qui carrément promettent de raccompagner à coup de pied dans le cul le premier candidat qui ose pointer son nez. En fait, les seuls à être ravis du déroulement de cette drôle de campagne sans véritables enjeux sont quelques jeunes comme Adil qui, pour 200 dirhams par jour (18 euros), distribuent des tracts pour un des 33 partis en lice. Lui et son copain Hamid parcourent les petites ruelles de la médina de Rabat et le parti les chouchoute : non seulement ils sont payés, mais on a mis à leur disposition un vélomoteur et on leur paie leurs repas ! En creux, ça veut aussi dire que le parti en question n'a pas assez de militants dévoués pour assurer la distribution.
Dans cette situation où les candidats sont médiocres et où la population se méfie, il semble ne pas y avoir beaucoup de place pour l'idée de démocratie. Et bien si ! L'hebdomadaire Le Journal raconte les aventures d'un empêcheur de gouverner en rond nouveau genre. En quelques semaines, un vidéaste amateur et anonyme qui s'est donné comme nom de guerre Al-Qanâs – autrement dit "Le sniper" – est devenu la coqueluche de l'Internet marocain. En fait, le sniper en question a tout simplement braqué une caméra cachée sur un barrage de police du côté de Tétouan. La vidéo de dix minutes montre deux policiers en train de racketter des automobilistes. Mais ils ne choisissent pas n'importe quelle voiture : uniquement les Mercedes 207 D immatriculées dans le coin. Parce qu'ils savent que ce sont les modèles préférés des trafiquants, principalement de cannabis. Autrement dit, ils se sont installés au milieu de la route principale pour prélever la dîme. Les automobilistes semblent si habitués qu'ils ne s'arrêtent pas mais ralentissent, le temps d'échanger avec le policier une poignée de main et un gros billet.
Mais le plus drôle, c'est lorsque les deux pandores se mettent au garde-à-vous en voyant un 4x4 banalisé : leur supérieur hiérarchique, suppose-t-on, qui vient inspecter l'efficacité du dispositif. La vidéo a évidemment été mise sur YouTube et DailyMotion, deux sites de partage de vidéos. Et elle a été visionnée par des dizaines de milliers d'internautes. "Des Qanass", écrit l'hebdomadaire. "Ils sont un paquet à avoir choisi la Toile pour exprimer leur rage avec plus ou moins de talent mais un sens de la contestation de plus en plus élaboré. L'audience et l'interactivité du Net leur procurent l'anonymat et une popularité sans pareille. Mais aussi une liberté de ton qu'aucun autre média ne peut satisfaire. Et leur impact est d'autant plus grand que les contraintes se multiplient depuis quelques années sur la presse traditionnelle. Comme la parabole avait révolutionné et démocratisé la télévision il y a une quinzaine d'années, face aux chaînes officielles, l'Internet libère aujourd'hui le citoyen de la censure."
Vous avez remarqué, dans la dernière phrase du journaliste il y a le mot citoyen. En fait, dès qu'on parle de liberté et de subversion, tout à coup, les Marocains cessent d'être des sujets de Sa Majesté Mohamed VI pour devenir des citoyens.



Anthony Bellanger
Courrier international

dimanche 2 septembre 2007

Maroc: soleil, chameau ou réveille-matin, des bulletins de vote illustrés



RABAT (AFP) — "Notre symbole? Un réveille-matin. Sa signification est claire: nous demandons aux Marocains de se réveiller et d'être actifs et responsables", explique la porte-parole de l'"Alliance des Libertés", un parti qui se présente comme "libéral".

Au Maroc, où l'analphabétisme touche plus de la moitié de la population, tous les partis se dotent d'un symbole (astre, animal, plante ou objet) pour faciliter le vote.

Les trois formations islamistes ont opté pour des symboles liés à la lumière. "Tout doit être clair pour les citoyens et nous souhaitons leur prouver que notre programme l'est aussi", explique un porte-parole du parti "Annahda wal Fadila" (Renaissance et vertu), issu d'un scission récente du PJD (islamiste). Ils comptent sur le soleil afin d'assurer leur rayonnement.

Les militants islamistes du jeune parti "al Badil al Hadari" (Alternative civilisationnelle) mènent campagne, arborant des tee-shirts ornés d'un phare, car "c'est le symbole de la sécurité, du guide qui permet d'éviter les écueils la nuit".

Quant à la principale formation islamiste, le Parti de la Justice et du Développement (PJD), il a choisi la lanterne comme symbole de sa "transparence". "Elle orne aussi les CD que nos militants distribuent sur les marchés", déclare un militant.

Le PJD, comme d'autres partis politiques, répond aux critères de représentativité établis pour bénéficier de l'aide de l'Etat. Il assure que sa part ne couvre qu'en partie les frais de ses candidats qui pour la première fois se présentent dans toutes les 95 circonscriptions du royaume.

Bien implanté dans les campagnes, le Mouvement Populaire (MP), a opté pour un signe plus bucolique: l'épi de blé et pour le vieux parti nationaliste de l'Istiqlal ce sera une balance afin d'"inciter à la mesure et à l'égalité, pour que personne ne se retrouve sans rien alors que d'autres ont beaucoup, voire trop", affirme un militant.

Les socialistes de l'USFP arborent la traditionnelle rose tandis que des petites formations se sont rabattues sur le chameau, la gazelle ou le palmier, plus "couleur locale".

"Notre symbole, deux travailleurs main dans la main, représente nos valeurs: solidarité, fraternité et sincérité", explique un membre du jeune parti Travailliste.

Le sociologue Aderraziq Elassir estime que "les sigles n'ont pas une influence réelle sur le vote des citoyens" et critique la "démagogie" de nombreux candidats qui "tirent profit de l'analphabétisme et du faible degré de conscience d'une grande partie des électeurs".

Le ministère de l'Intérieur révèle que 57% des électeurs sont sans instruction, et seulement 7% d'entre eux ont un niveau d'enseignement supérieur.

"Un effort a été fait en direction des minorités. Certains partis doublent leurs tracts d'une version en tamazight (berbère)", note ce sociologue. En revanche, si des sites internet ont été mis en place, seuls 13% des Marocains sont équipés en ordinateurs.

"Les symboles sont enregistrés auprès du ministère de l'Intérieur, il est donc difficile d'en changer, d'autant plus que la population doit pouvoir se repérer d'une élection à l'autre", explique un militant.

Le Parti National Démocrate (centre-droit) a choisi la clé et il s'est allié avec le parti Al Ahd qui avec humour a adopté la voiture comme symbole électoral. "Les deux se marient bien", ajoute un responsable.

Quelque 15,5 millions de Marocains éliront le 7 septembre 325 députés issus de 33 partis contre 26 partis en 2002.

dimanche 26 août 2007

Maroc : des élections, pour quoi faire ?



Est-il vraiment utile de voter sous un régime de monarchie exécutive, où les élus n’ont qu’une marge de manœuvre symbolique ? C’est, entre autres, la question qu’a posée le débat organisé par la Fondation Friedrich Ebert.
“Je n’irai pas voter. Pour élire un gouvernement stérile, je n’en vois pas l’utilité”, s’indigne Aziz, un des nombreux internautes qui ont répondu à la question posée par le site web
www.maroc-elections.com, au sujet de l’utilité du vote dans une monarchie exécutive. Les résultats de ce sondage, qui a reçu plus de 41 000 réponses, ont été exposés la semaine dernière aux partis dans le cadre de deux panels, organisés par la Fondation Fredrich Ebert et le journaliste Driss Ksikes.
Les invités étaient appelés à répondre à plusieurs questions, dont l’utilité des élections, le pouvoir des partis, leur identité, les alliances... En face d’eux, des représentants de la société civile, appelés à mettre les politiciens devant leurs contradictions et à ramener les plus démagogues d’entre eux vers un discours plus terre-à-terre.
La première question, concernant les pouvoirs du roi, a définitivement déchaîné les passions du côté des internautes sondés, donnant lieu à plus d’une centaine de commentaires, entre défenseurs et opposants de la monarchie exécutive, et ceux qui prônent un juste milieu.
Pour autant, les positions ne sont pas si tranchées. “Les réponses sont assez mitigées. Elles peuvent être classées en catégories, mais certainement pas en fonction des pour et des contre”, insistent les concepteurs du site.
L’étendue des pouvoirs royaux a ainsi de nombreux détracteurs, comme cet internaute qui pense “qu’aujourd’hui au Maroc, on n’a d’autre choix que d’applaudir les initiatives du roi, même si on n’est pas d’accord (…), ce qui est une insulte à l’intelligence du citoyen marocain”. Walid renchérit : “Le drame du Makhzen, c’est qu’il ne peut prétendre à aucune légitimité démocratique (…). En plus, il est aussi généreux avec ses serviteurs zélés que terriblement rancunier avec ses opposants et supposés ennemis. Je voudrais que l’on m’explique le sens des élections dans un tel régime”.
Mais la monarchie exécutive a aussi “ses défenseurs”, à l’image de Souhaïl : “Entre mon roi et moi existe un lien sacré, la Bey’a. Via ce contrat, je désigne le roi comme étant mon seul représentant, législatif, judiciaire et exécutif et je suis contre toute réforme constitutionnelle qui vise la limitation de ses pouvoirs”.
Le juste milieu ? Il est prôné par les “ni soumis ni rebelles”, comme cet internaute qui pense que “la monarchie constitue un tout petit frein. J’irai voter pour essayer de mettre les bonnes personnes au bon endroit”.
Jamais sans le roi !Qu’en pensent les politiciens ? Sont-ils gênés ou confortés par cette institution royale qui agit de façon transversale, en raison des larges pouvoirs que lui concède l’article 19 de la Constitution marocaine ? Cette question taboue n’aura pas, on s’en doute, de réponses “inédites”. Mais elle a eu quand même le mérite de pousser les conférenciers au bout de leur logique. À quoi sert le vote, si c’est le roi qui règne et gouverne en maître absolu ? “Il n’y a aucune contradiction entre la monarchie et les partis politiques. Tous les deux doivent avoir un rôle exécutif”, souligne Adnane Benchekroun, du Parti de l’Istiqlal, aussitôt repris par Mohamed Sassi, du PSU : “Vous défendez un système paternaliste du pouvoir”. Pour ce dernier, cet ancrage aveugle à la monarchie n’a pas de sens. “Et si demain le roi vous soumet un projet de révision de ses propres pouvoirs, allez-vous vous y opposer, parce que vous tenez tant à ce qu’il les garde ?”, adresse-t-il à l’Istiqlalien sur le ton de la provocation. Éclats de rire dans l’assistance.
Mais ce qui est important à souligner, c’est que la question des pouvoirs du roi a permis de mettre en exergue les rapprochements idéologiques entre les partis. Le PJD (représenté par Mustapha Khalfi) et l’Istiqlal s’entendent sur le rôle central de la monarchie qui, à leurs yeux, ne peut pas se contenter d’un rôle de figurant, vu son rôle social et religieux. Une position somme toute classique, venant de deux partis conservateurs.
Pour l’USFP, la question est plus délicate, vu son passé révolutionnaire. Khalid El Hariry, porte-parole socialiste du jour, avance qu’il faudrait commencer par réformer l’existant pour arriver à “un premier ministre issu de la majorité, un gouvernement cohérent et un Parlement efficace”. L’élargissement du champ d’action gouvernemental pourrait, dans l’esprit des socialistes (qui ne le disent pas ouvertement), réduire les prérogatives royales. “Mais le roi reste quand même un acteur incontournable”, estime El Hariry.
Les élus ? De simples assistants Représentant la gauche non-gouvernementale, Mohamed Sassi se montre aussi peu “diplomate” que catégorique : “Il n’y a pas de démocratie avec une monarchie exécutive”. Sassi est d’accord sur la théorie de l’amélioration de l’existant prônée par l’USFP, mais il ne se fait pas d’illusion. Sa lecture de l’histoire de la participation des partis de gauche au pouvoir le conduit à affirmer que le pouvoir se concentre davantage dans les mains du roi au lieu d’aller vers le parlementarisme. “La gauche a voulu participer au pouvoir pour le changer de l’intérieur. Mais les choses se sont passées autrement. Les élections ne servent qu’à offrir des assistants à l’institution royale”, dit-il.
Au final, le champ politique donne une image pour le moins hétérogène. “Entre la monarchie qui se donne les pleins droits sous prétexte que le Maroc est en transition, les partis politiques qui dénoncent discrètement l’empiétement du roi sur leurs plates-bandes et le citoyen lambda qui démissionne car il ne se retrouve pas dans ce système confus, nous sommes simplement dans un cercle vicieux”, constate Abdelali Benamor d’Alternatives, guère convaincu par les explications des politiciens invités.
L’écrivain Driss Jaydane Chraïbi a préféré poser la question du point de vue du citoyen lambda. “Quand on est marocain, vers qui peut-on se tourner ?”. La réponse est sans équivoque : “Dans l’esprit des citoyens, explique l’écrivain, Mohammed VI donne l’image du chef providentiel, qui amène le changement et qui décide dans des volets concrets de la vie de tous les jours, contrairement aux politiques”. Le piège est que “si on affirme que les partis ne sont pas qualifiés, on accepte automatiquement le pouvoir absolu de la monarchie”, dixit un internaute. Retour à la case départ.

lundi 20 août 2007

... شتنبر7 :بدء إيداع الترشيحات

فضلت مجموعة من المرشحين بمختلف أقاليم وعمالات المملكة المبيت في العراء بجوار مقرات العمالات لحجز الصفوف الأولى ضمن قوائم إيداع الترشيحات، كما قامت مجموعة من المرشحين بجلب مجموعة من الشبان كأرانب سباق لحجز المراتب الأولى عند فتح باب العمالة الخارجي، واقتنى المرشحون لهذه الليلة الساهرة مجموعة من الأغطية والأفرشة تتناوب عليها وعلى طابور المقدمة هذه الأرانب كما عرفت العملية في بعض الأقاليم حالات تدافع وسب وشتم بين المتزاحمين على الصفوف منذ مساء أول أمس والساعات الأولى من صبيحة أمس. فبجهة تادلة أزيلال فضلت مجموعة من المرشحين لانتخابات السابع من شتنبر القادم قضاء ليلة الخميس/ الجمعة أمام مقر الولاية، من أجل الحصول على المرتبة الأولى ضمن لائحة الرموز المعتمدة للتصويت. وقال مصدر من عين المكان إن أولى طلائع الملتحقين إبتدأت منذ الساعة الأولى من ليلة أول أمس، وكان البعض منهم جلبوا أفرشتهم لقضاء هذه الليلة "العصيبة"، وعلم كذلك أن أغلب المرشحين الآخرين تقاطروا على مقر الولاية منذ الثالثة صباحا، وقدر أحد الحاضرين أن 20 وكيل لائحة كانوا داخل الولاية عند الثامنة والنصف صباحا، لحظة بدء عملية إيداع الملفات، وشبه الحاضرون العملية وما واكبها من جري وتدافع وتلاسن بالعملية الخاصة بالحصول على التأشيرة بسفارة إيطاليا أو إسبانيا بالبيضاء، وأشارت المصادر ذاتها أن من بين الأحزاب الأولى التي حضرت إلى مقر الولاية ، العدالة والتنمية والاستقلال والاتحاد الاشتراكي وإتحاد الحركات والحزب الوطني الديمقراطي. وبمراكش أحضر بعض المرشحين مجموعة من الشبان كأرانب سباق للسباق نحو مكتب التسجيل الذي يبعد عن البوابة الخارجية ب 140 مترا وقد تمكن «أرنب» اليسار الموحد من الوصول «في المقدمة»، إلا أن ملفه رفض لعدم اكتماله ليحل محله سائق «وأرنب» امحمد الخليفة «الذهبي» الذي أثار سلوكه الجميع بخلعه نعليه قرب البوابة الخارجية فاستطاع اللحاق باليسار الموحد وانتزاع المرتبة الأولى منه. وبالرباط تمكن الأمين العام للحزب العمالي من الظفر برأس لائحة إيداع الترشيحات بفضل الخطة المحكمة التي سلكها، وهي حجز طابور المقدمة منذ يوم الخميس الماضي مع التناوب عليه من طرف أنصاره. وجاء إدريس لشكر عن الاتحاد الإشتراكي في المرتبة الثانية مع أنه حل منذ منتصف ليلة الخميس لباب عمالة الرباط شالة. وبالخميسات بدائرة الرماني قضى وكيل لائحة حزب التقدم والإشتراكية ليلة بيضاء، محكما قبضته على المقدمة وفي الساعة الثالثة صباحا تقاطرت أحزاب أخرى على الصف وتوصل الساهرون لتنظيم العملية بتسجيل أنفسهم في لائحة فور وصولهم، ولم يخرق العرف إلا مرشح حزب العهد الذي اندفع في محاولة للهيمنة على الصفوف الأولى، فتم إرجاعه بالقوة للمرتبة التي يستحق. وفي علاقة بالموضوع ذاته حج لمقر عمالة سطات أزيد من 20 وكيل لائحة، لكن لا أحد منهم تمكن من وضع ملف ترشيحه بسبب الاكتظاظ وحالات التدافع فيما بينهم، التي أدت لسقوط بعضهم على بعض قرب باب العمالة وحالات الهيجان والاندفاع التي كانوا عليها. وبمدينة الدار البيضاء استطاع الإبراهيمي عن الاتحاد الإشتراكي أن يحل في المقدمة إلى جانب ياسمينة بادو عن حزب الاستقلال، لكن رفض ملفه نظرا لعدم إكماله الوثائق المطلوبة، فاحتلت بادو مكانه، وأثار رفض ملفه غضبه، واحتج على القرار لمدة أربعين دقيقة، ولما باءت محاولاته بالفشل اضطر للذهاب.وبعد إستكمال ملفه احتل المرتبة العاشرة. وبشيشاوة ذكرت مصادر من عين المكان أن عامل الإقليم قام بطرد قيدوم البرلمانيين اعمارة لعمار الذي حاول استغلال نفوذه فدخل من الباب الخلفي في محاولة لانفراده بقائمة اللائحة، وقد استطاع عبد الحق موقس وكيل لائحة حزب الاستقلال من تصدر اللائحة
الاحداث المغربية

samedi 18 août 2007

7 شتنبر


الحسن الثاني يرفض مقترح الحكم الذاتي في الصحراء





كشفت وثيقة صادرة عن جهاز المخابرات الأمريكية, رفع عنها مؤخرا طابع السرية,أن الرئيس الجزائري السابق الشادلي بن جديد كان قد اقترح على الملك الحسن الثاني,حلا بخصوص قضية الصحراء تنص على إدارة الصحراويين للشؤون الداخلية فيما تبقى أعمال السيادة للملك.
إلا أن الحسن الثاني رفض العرض الجزائري مخافة انتقال سيادة الإقليم إلى عدوه اللذوذ في المنطقة الجزائر

vendredi 17 août 2007

L’affaire de proxénétisme de Rabat fait tomber de hauts cadres de la DGSN

Une grosse affaire de drogue et de proxénétisme a éclaté ces derniers jours à Rabat. Un scandale qui commence à faire tomber de hauts cadres de la DGSN.

L'affaire rappelle curieusement l'histoire de "Madame Claude", célèbre maquerelle qui fournissait de très jolies filles aux personnalités du monde politique et des affaires pour satisfaire leurs fantasmes sexuels dans la plus grande discrétion. Le nom de "Madame Claude", qui a fait l'objet de films et de romans infinis, est resté lié à l'univers glauque du proxénétisme, du trafic de drogue, des passe-droits et des liaisons douteuses avec de hauts responsables.On se retrouve avec le même schéma ou presque dans l'affaire qui secoue Rabat depuis quelques jours. Au centre de cette affaire, une dame qui n'est autre que la fille d'un ancien ministre. Elle est accusée d’être à la tête du réseau démantelé. Maria de son nom, s'est déjà illustrée en 2003 par un forfait qui a failli coûter la vie à un agent de la circulation.
En effet, cet agent, une femme policier, voulait l'arrêter pour avoir commis une contravention mais a failli passer sous la roue de la "dame de fer" qui, comme si cela n'avait pas suffi, était descendue de sa voiture pour infliger à l'agent une véritable "correction" (une gifle !). Quatre ans plus tard, le nom de cette même dame est cité dans une affaire qui commence à faire tomber de hauts responsables de la police à Rabat.Soupçonnée de diriger un réseau de "prostitution qualifiée" dans la capitale, d'écouler de la cocaïne au profit de ses "clients", marocains et non marocains, dont de grandes personnalités de la politique et du milieu des affaires, Maria Benjelloun aurait bénéficié de la "protection" de hauts gradés des services de la sécurité, dont notamment le préfet de police de Rabat, Mustapha Moufid, et du directeur des ressources humaines Abdelaziz Samel.
Des accusations qui font l’objet d’une enquête judiciaire. Une enquête qui a pour but de déterminer la nature des relations que des cadres de la police entretenaient avec la principale accusée. C’est ce qui a poussé la DGSN à prendre la décision de suspendre le préfet de la capitale de ses fonctions jusqu’à la fin de l’enquête judiciaire. Une mesure normale dans ce genre d’affaires.Des instructions ont été données par le directeur général de la Sûreté nationale de la DGSN, Charki Draïss, pour procéder à une enquête administrative interne afin de recenser tous les cas des éléments de la police nationale que la "dame de fer" aurait fait transférer pour pouvoir se livrer à ses présumées activités délictuelles en toute liberté et impunité.
Une bonne quantité de de cocaïne aurait d'ailleurs été saisie au domicile de celle qui a été à l’origine de l’éclatement du scandale, une ceratine Loubna « Chinouiya ».Maria Benjelloun, qui se trouve actuellement à la prison civile de Salé, a été arrêtée au lendemain de "révélations" faites aux services de sécurité par « Chinouiya » qui est accusée d’être la gérante de tout le circuit de proxénétisme à Rabat.Elle aurait eu la charge d'amener les "clients" étrangers dans une villa située dans le quartier "Ryad" à Rabat, dont de grandes personnalités des affaires en provenance des pays du Golfe. Elle aurait également été derrière un réseau de prostitution qui opérait aux Emirats arabes unis. À ce propos, une enquête serait en cours pour faire la lumière sur la dimension internationale du réseau démanyelé.
Mardi dernier, les services de sécurité ont procédé à l'arrestation d'un deuxième complice de la dame en question, tandis qu'une confrontation entre l'accusée principale et deux autres filles arrêtées dans la villa de Hay Ryad, en possession de photographies de personnalités prises dans des positions jugées compromettantes. En ce qui concerne le préfet de police, il aurait jusqu'ici été entendu à quatre reprises au sujet des "mutations forcées" infligées à des policiers dont le "délit" aurait été de vouloir simplement accomplir leur devoir professionnel.Dans ce sens, des sources policières relèvent que le mouvement des "mutations disciplinaires" avait augmenté de manière notoire durant les derniers mois de mars à juillet. L'enquête en cours risque de faire tomber d'autres "têtes" qui auraient trempé dans l'affaire dite de "la dame de fer", à qui certains milieux voudraient prêter des "problèmes psychiques" pour la tirer d'affaires, évoquant, à l'appui de cette thèse, ses voyages répétitifs aux Etats-Unis pour "se faire soigner".
La saga de Madame ClaudeDans les annales des femmes « puissances » qui ont fait tomber des têtes, celle de Mme Claude fait partie des histoires qui ont défrayé la chronique mondiale. L'histoire vraie de Madame Claude et de son réseau de jeunes filles a inspiré auteurs et des cinéastes. De son vrai nom Fernande Grudet, cette Française était, dans les années 1960-1970, patronne d'un réseau de call-girls qui dévoilent leurs talents pour de hauts dignitaires et fonctionnaires du gouvernement.Élevée chez les sœurs d’Angers dans le Maine-et-Loire, Mme Claude a mené une vie où la chasteté est un mot qui n’existe pas. C’est à Paris qu’elle a créé le premier noyau de son réseau de prostitution de luxe.
De grosses pointures, du monde politique et des affaires, ont sollicité ses services taillés sur mesure. La liste de clientèle comprendrait le président américain John F. Kennedy, le neveu du roi Farouk, des célébrités du grand banditisme et même des membres de l'administration policière assurant sa propre protection.En 1976, Mme Claude quitte la capitale française pour s’établir aux Etats-Unis, fuyant ainsi des accusations judiciaires sur son réseau. Dans les années 1980, elle revient pour en créer un autre, encore plus développé, avant de finir dans les geôles de Fleury-Mérogis, en 1992, pour proxénétisme. La chute de l’empire de Madame Claude a entraîné avec elle des personnalités dans divers domaines. En tombant, la proxénète avait ouvert la boîte de Pandore.

M’Hamed Hamrouch Source : Aujourd'hui le Maroc

dimanche 12 août 2007

الممارسة الانتخابية بالمغرب

شهدت رحاب كلية الحقوق بفاس بتاريخ 25 يوليوز 2007 مناقشة أطروحة لنيل دكتوراه الدولة في القانون العام حول موضوع الممارسة الانتخابية بالمغرب تقدم بها الأستاذ التهامي بن احدش، أستاذ بنفس الكلية. وقد كانت لجنة المناقشة تتكون من الأستاذة رقية المصدق رئيسة ومشرفة، و الأساتذة عسو منصور وعبد الرحمان بني يحيى ومحمد الأعرج. وبعد المناقشة والمداولة، منحت اللجنة للأستاذ التهامي بن احدش لقب دكتور دولة في الحقوق مع تهنئة خاصة من طرف اللجنة وتوصية بالنشر
أود أن أبدأ بالقول أنه أصبح من تحصيل الحاصل التأكيد على أن لحظة الانتخابات تشكل حدثا من أهم الأحداث في الحياة السياسية في الدول الديمقراطية. ذلك أنه بعد أن عاشت مختلف المجتمعات الإنسانية عهودا طويلة من الصراعات بين الأشخاص والمجموعات إما بحكم تعارض المصالح أو اختلاف الأهداف حول مستقبل الجماعة أو حول السيادة داخل الجماعة، ستهتدي إلى وسيلة لتدبير الصراعات بطريقة سلمية. هكذا ستعوض صناديق الاقتراع تدريجيا لغة الأسلحة، والمعارك الانتخابية الثورات العنيفة في الدول الغربية أولا، قبل أن تنتقل هذه الوسيلة الحضارية لتدبير الصراع إلى عدد من الدول في مختلف القارات. وستصبح الاستشارات الشعبية عبر انتخابات منتظمة وحرة وشفافة مصدر المشروعية للحاكمين، حيث لا يمكن أن تتأسس سلطة سياسية إلا عن طريق الانتخابات باعتبار أن مركز السلطة مرتبط بنتائج هذه الانتخابات. وبالرغم من انتقال نظام الاقتراع كأساس لمشروعية السلطة والضامن الأساسي لقيام ديمقراطية حقيقية إلى عدد من الدول التي تنتمي للعالم الثالث، فمن الملاحظ أن هذا المفهوم سيجد بعض الصعوبات في اعتماده من طرف معظم هذه الدول رغم إعلان أنظمتها اعتماد الديمقراطية. ذلك أن العديد من أنظمة هذه الدول لا تقبل بالاختلاف والمنافسة على السلطة واحتمال أن تصبح الأقلية أغلبية، بل وحينما تقوم بتنظيم انتخابات فإن ذلك يتم بعد أن تكون قد هيأت الشروط الضرورية لإفراغ العملية الانتخابية من محتواها. وبصرف النظر عن الاختلافات بين هذه الدول، فإن المغرب الذي يشكل جزءا منها سيكون من بين الدول التي ستعرف بشكل محتشم تطبيق نظام الاقتراع خلال عهد الحماية كما سيكون من الدول القليلة التي ستأخذ بعد الاستقلال بنظام التعددية الحزبية التي تجد تعبيرها في انتخابات حرة ونزيهة. غير أن من الملاحظ أنه، وبالرغم من إجماع النخبة السياسية المغربية على مبدأ الانتخاب كوسيلة لقياس تمثيلية القوى السياسية، فإن الممارسة الانتخابية لم تكن في معظم الحالات مطابقة لإعلانات الحاكمين ولا تتوفر فيها مواصفات وشروط الانتخابات الديمقراطية. لقد كان التساؤل حول الأسباب التي كانت وراء تعثر العملية الانتخابية بالمغرب والاختلالات التي تعرفها العملية بالرغم من التأكيد على النزاهة والمصداقية من أعلى سلطة في البلاد بشكل علني و رسمي ومتكرر، والسلوكات اللاعقلانية لبعض أطراف العملية الانتخابية والمواقف المتناقضة أحيانا لمكونات الحركة الوطنية من الأسباب التي جعلتنا نفكر في اختيار هذا الموضوع أي موضوع الممارسة الانتخابية بالمغرب، الذي نعتقد أننا لسنا في حاجة إلى التأكيد على أهميته لما أصبح يشكله من راهنية في الحياة السياسية بالمغرب ولارتباطه بالتطورات السياسية التي عرفها منذ الاستقلال وتأثيره على العلاقات بين القوى السياسية التي تكون المشهد السياسي والحزبي بالمغرب. وحتى نرسم أمامكم السيدة والسادة أعضاء اللجنة الصورة التي تكونت لنا من استقراء فاحص للممارسة الانتخابية التي تهيمن عليها منذ الاستقلال الاختلالات والتعترات. هذا الاستقراء الذي يبين الاعتبارات المنهجية التي شكلت أساس هذا البحث، فإننا نود أن نثير الانتباه إلى أننا استبعدنا مسألتين: استبعدنا أولا إعتماد منهجية تقوم على رصد هذه الممارسة من خلال التحليل الكرونولوجي رغم أن هذا التحليل ليس غائبا تماما ولكننا وظفناه في سياق المنهجية التي اعتمدناها والتي سنعرضها على أنظاركم بعد قليل المسألة الثانية التي استبعدناها هي المتمثلة في رصد التطورات السياسية التي عرفها المغرب منذ الاستقلال انطلاقا من أطروحة التوافق، لأن هذه الأطروحة تم توظيفها في جل الأحيان بالطريقة التي تلغي من التطورات السياسية عنصرا أساسيا أعطى لهذه التطورات ديناميكية وحركية، بحيث بدا لنا أنه لا يمكن تجاوزه في تحليل الممارسة الانتخابية. إن هذا العنصر هو الصراع حول السلطة السياسية بين الأطراف السياسية المتمثلة في الملكية و أحزاب الحركة الوطنية، صراع يتراوح بين المحافظة على السلطة السياسية أو المشاركة فيها أو الاستيلاء عليها، و هو أيضا صراع، نذكر بأنه لم يكن يلغي من ثناياه الصراع من أجل إلغاء الآخر والقضاء عليه. إن هذا الصراع حول السلطة السياسية الذي اعتمدناه يزدوج بعنصر آخر أساسي ظل يهيمن على الحياة السياسية ويشكل الوجه الآخر للصراع حول السلطة السياسية. إنه صراع الشرعية والمشروعية، وبعبارة أخرى صراع حول مشروعية السلطة القائمة وصراع حول الشرعية الديمقراطية والدستورية والذي نؤكد مرة أخرى أنه يشكل الوجه الآخر للصراع حول السلطة السياسية. إن هذا الصراع هو الذي يفسر لنا أولا تعليق الممارسة الانتخابية بعد الاستقلال ويفسر لنا ثانيا كيف أن هذه الممارسة الانتخابية لم تكن لتستقر لولا تراجع التطلع إلى الاستيلاء على السلطة السياسية وتقدم الالتفاف حول تحديد قواعد الشرعية الدستورية والديمقراطية بهدف المشاركة فيها عن طريق إعادة النظر في تنظيم السلط والعلاقات بينها، و الذي بدأ يترسخ منذ النصف الثاني من السبعينات. ومع ذلك، فهذه العناصر لا تشكل الإ جزءا من الصورة التي تكونت لدينا باستقراء الممارسة السياسية لأن تطور الصراع حول السلطة السياسية واستقرارها حول صراع الشرعية من اجل المشاركة في هذه السلطة لم يغير من معالم الممارسة الانتخابية، التي بالرغم من كل هذه التحولات ظلت تخضع لثوابت هيمنت على ممارسة الفاعلين الأساسيين فيها.و قد تمثلت هذه الثوابت في ضغط الاستمرارية وحدود التجديد: ضغط الاستمرارية الذي يهم الفاعل الأساسي المتمثل في الملكية، وحدود التجديد التي تهم الفاعل الأساسي الآخر المتمثل في أحزاب الحركة الوطنية. وقد تبين لنا كيف أن هذه الثوابت لا تلغي الصراع حول السلطة السياسية وحول الشرعية والمشروعية. بالعكس إنها تؤكده. إن هذا الصراع حول السلطة السياسية الذي ينطوي على الصراع حول الشرعية والمشروعية وظفناه بالطريقة التي أعطتنا القسمين الأساسيين اللذين تتوزع عليهما هذه الأطروحة. يتعلق الأمر بالقسم الأول المتمثل في استمرار تحكم الملكية في العملية الانتخابية بالرغم من تراجع الصراع حول المشروعية، وهذا ما يشكل في نظرنا ضغط الاستمرارية. أما القسم الثاني الذي يمثل حدود التجديد فيتمثل في استمرار تهميش أحزاب الحركة الوطنية بالرغم من استقرار التنازع حول تحديد قواعد الشرعية الدستورية والديمقراطية. ومع ذلك فإن الصورة التي رسمناها عند استقرائنا للممارسة الانتخابية لن تكتمل الا بعد أن نبين الأجزاء التي يتوزع عليها كل قسم من الأطروحة. إن هذه الأجزاء بالقدر الذي تمثل عناصر مستقلة لكل قسم على حدة بالقدر الذي تشكل عناصر التقاطع بين القسم الأول وبين القسم الثاني. إن هذا التقاطع يأتي من أن أجزاء كل قسم، مهما كانت مستقلة عن أجزاء القسم الآخر فإنها تتقاطع وتتماثل معها. فهي في كل قسم أولا قانونية وثانيا سياسية وثالثا إجرائية. ففي القسم الأول الذي يهيمن عليه ضغط الاستمرارية المتمثلة في استمرار تحكم الملكية في العملية الانتخابية بالرغم من تراجع الصراع حول المشروعية، نجد الناحية القانونية المتمثلة في هيمنة الملكية على الإطار الدستوري والانتخابي وهذا هو الذي شكل موضوع الفصل الأول، والجانب السياسي المتمثل في تحكم الملكية في الحقل الحزبي وهذا ما شكل موضوع الفصل الثاني، والناحية الإجرائية المتمثلة في احتكار المؤسسة الملكية للقرار في مسار العملية الانتخابية وهذا هو موضوع الفصل الثالث. أما القسم الثاني المتمثل في حدود التجديد الذي يقوم على استمرار تهميش أحزاب الحركة الوطنية بالرغم من استقرار التنازع حول تحديد قواعد الشرعية، فقد تمثل من الناحية القانونية في الانخراط المحدود لأحزاب الحركة الوطنية في مسار تحديد قواعد الممارسة الانتخابية وهذا ما شكل موضوع الفصل الأول، ومن الناحية السياسية في محدودية المحاولات الوحدوية كتعبير عن مقاومة سياسة التهميش، وهذا هو موضوع الفصل الثاني. أما الجانب الاجرائي فقد تمثل في محدودية مشاركة أحزاب الحركة الوطنية في المؤسسات المرتبطة بالعملية الانتخابية وهذا هو الذي شكل موضوع الفصل الثالث. تلكم كانت السيدة والسادة الأساتذة أعضاء اللجنة المنهجية التي اعتمدناها في تحليل العناصر الاساسية لهذا البحث التي خلصت فيها إلى أنه رغم المجهود الذي بذل في السنوات الأخيرة من أجل تحديث القوانين الانتخابية، وبالرغم كذلك من التطورات النوعية التي حصلت في الحقل الانتخابي لضمان حد أدنى من النـزاهة والشفافية ووقف بعض الممارسات التي تسيىء إلى العملية الانتخابية، فإن هذه القوانين لم تنجح كلية في وضع حد لكل تلك الممارسات. لقد كان من المؤمل أن يؤدي تغيير نمط الاقتراع منذ 2002 من الاقتراع الأحادي الإسمي في دورة واحدة إلى الاقتراع باللائحة والتمثيل النسبي إلى المساعدة في تجديد النخب الحزبية وإعطاء الفرصة للأطر الكفؤة والنظيفة لتحسين أداء المؤسسات المنتخبة على المستوى المحلي والوطني، لكن يجب الاعتراف بأن ما حدث هو عكس ذلك، حيث أصبح عنصر الإمكانيات المالية والقدرة على التناور والتحايل داخل الأحزاب ومع باقي الأحزاب وجماعات الضغط هو المحدد لمنح التزكية والفوز بالمقعد بدل عنصر الكفاءة والفعالية. لذلك يجب التفكير في نظام جديد يحد من اللجوء إلى التحالفات والتحالفات المضادة المشبوهة وغير الفاعلة ويحدد مسؤوليات الأحزاب وممثليها في الهيآت المنتخبة عن تدبيرهم للشأن العمومي أمام الرأي العام والناخبين والسلطات الإدارية والقضائية. إن هذه الدراسة التي واجهتنا فيها صعوبات على مستويات متعددة يأتي على رأسها وعلى الأخص مستوى الوثائق وطريقة الاستفادة منها وعلى مستوى تحديد المنهجية التي حاولنا قدر الإمكان التغلب عليها لا تعني أننا استنفدنا كافة أبعاد الموضوع الذي يشكل فقط بالنسبة إلينا أرضية مشروع لدينا العزم على استكماله. ورغم تحديدنا للأطراف الأساسية الفاعلة في الممارسة الانتخابية في الملكية وأحزاب الحركة الوطنية، فإننا واعون بأن الحقل السياسي الحزبي قد اغتنى بفاعلين جدد وهذا ما يعني بأن مسار البحث لا ينتهي ولا ينضب. ويبقى أن محاولة فهم واقع الممارسة الانتخابية بالمغرب والبحث عن أجوبة ولو جزئية لبعض الأسئلة المتعلقة بدراسة هذه الممارسة هي من الطموحات التي توختها هذه الدراسة والتي نتمنـى أن تلبي ولو جزئيا انتظارات الباحثين والمهتمين بالشأن الانتخابي

مشروع للقانون الجنائي يحال على الأمانة العامة

أنهت وزارة العدل مؤخرا المشروع الجديد للقانون الجنائي المغربي، وأحالته على الأمانة العامة للحكومة، ليأخذ مساره عبر قنوات التشريع. ويظهر أن هذا العمل القانوني الضخم، الذي أعدته ثلة من كبار القضاة والمحامين والجامعيين المختصين في المادة الجنائية، يعد من بين آخر الأعمال الاستراتيجية للحكومة الحالية، إذ يشكل برأي العديد من المتتبعين ثورة هامة وهادئة في السياسة الجنائية في بلادنا.. فالمشروع الجديد انخرط الى أبعد حد في مضامين الاتفاقيات الدولية لحقوق الإنسان، ذات الصلة بالعدالة الجنائية، وجعل منها مرتكزا لقواعده الجديدة في نظام التجريم، كما قطع أشواطا هامة من خلال إدخال الجرائم المنصوص عليها في القانون الأساسي للمحكمة الجنائية الدولية، كجريمة الإبادة، والاختفاء القسري، والجرائم ضد الإنسانية, كما أنه ضمّن مواده توصيات هيئة الانصاف والمصالحة، وتوصيات مناظرة مكناس حول السياسة الجنائية وإذا كان القانون الجنائي المغربي قد عرف سلسلة من التعديلات الجزئية خلال السنوات الأخيرة، أملتها ظروف ومستجدات آنية، فإن المراجعة الشاملة للقانون، ظلت أمرا ملحا، سيما في ظل تطور ظاهرة الجريمة في مجتمعنا، وانخراط بلادنا في مسار ملاءمة قوانينها عامة وقانونها الجنائي خاصة مع ما تقتضيه المواثيق العالمية لحقوق الإنسان. وفي هذا السياق أقر المشروع الجديد عقوبات بديلة للعقوبات السالبة للحرية في الجرائم المعاقب عليها بالحبس لمدة لا تتجاوز 5 سنوات، من قبيل الإقامة الإجبارية، والحرمان من ممارسة الحقوق المدنية، أو العمل من أجل المنفعة العامة، كما أقر عقوبات تكميلية أيضا كإلغاء رخصة القيادة، أو الحرمان من رخصة السلاح، والمنع من المشاركة في الصفقات العمومية، أو المنع من الحصول على دفتر الشيكات...إلخ كما تضمن المشروع أيضا من حيث الصياغة، تغيير العديد من العبارات من قبيل المجرم حيث أصبحت العبارة المستعملة هي المحكوم عليه أو الشخص المدان كما استبدلت عبارة عقوبة الإقصاء بـ الإيداع في مؤسسة لتقويم الانحراف، وأدخلت نصوص جنائية خاصة كالظهائر المتعلقة بزجر الإدمان والاتجار في المواد المخدرة، والإضرار بالصحة العامة والسكر العلني. ومن حيث الموضوع، تم تجريم كل الأفعال الماسة بالاقتصاد الوطني، ومحاربة جرائم الفساد المالي، ومنح الاختصاص للمحاكم الزجرية لتفسير المقررات الإدارية الفردية والتنظيمية لتقدير شرعيتها. إلا أن من أبرز مستجدات المشروع الجديد حذف 22 جريمة يعاقب عليها بالإعدام من أصل 31، والاحتفاظ بتسع جرائم فقط في هذا الشأن.. وفي هذا الإطار بالذات من المتوقع أن الحسم النهائي في مصير الإبقاء الجزئي أو الإلغاء الكلي لعقوبة الإعدام وبالنظر لحساسيته، يبقى معلقا على المداولات التي سيعرفها هذا الموضوع عبر قنوات التشريع. كما قلص المشروع عقوبة السجن المؤبد بتحويلها إلى سجن محدد بالنسبة لثلاث عشرة (13) جريمة، مع توسيع مجال الصلح ليشمل 190 جنحة تتعلق بجرائم ينحصر الضرر فيها على مستوى الضحية دون أن يمس المجتمع والحق العام. كما أقر المشروع حماية وإنصاف الضحايا ومساعدتهم، وتوفير العلاج الطبي والنفسي لهم، وحماية الأطفال من استغلالهم في الجرائم الخطيرة المخدرات، الإرهاب، الهجرة السرية... إلخ) وتعزيز حماية المرأة من العنف، وتحقيق المساواة مع الرجل، كما أخذ المشروع بتفعيل سلطة تفريد العقاب من خلال ملاءمة العقوبة مع خطورة الجريمة وشخصية المجرم
الأكيد أن المغرب يلزمه تشريع جنائي مرن يواكب التحولات السياسية والاقتصادية والاجتماعية قادر على التصدي لأي مساس وإخلال بأمن واستقرار المجتمع. من هنا كان لابد من وضع آلية متطورة، بيد السلطات العمومية لمواجهة الأجيال الجديدة من الجرائم، لكن مع الحفاظ على كل الضمانات، والحرص على صيانة الحقوق والحريات الفردية والجماعية لاستكمال بناء دولة الحق والقانون

vendredi 10 août 2007

Blé : La crise du Maroc ressentie sur le marché international

La crise du Maroc sur le marché du blé se fait sentir à l’internationale. Les analystes s’attendent à des besoins supérieurs à 3 millions de tonnes au niveau national.

Les cours des céréales restaient fermes mardi sur la scène internationale dans l'attente des résultats des appels d’offres lancés par le Maroc et l'Egypte, ont indiqué les opérateurs. Le retour aux achats de l'Egypte, qui a lancé un nouvel appel d'offres pour l'achat de 55.000 à 60.000 tonnes de blé, a amplifié la tension. Pour sa part, le Maroc, victime d'une sécheresse sans précédent le printemps dernier, s'est porté acquéreur de 627.000 tonnes de blé d'origine optionnelle et de 350.000 tonnes de blé européen pour couvrir ses besoins. «Tout porte à croire que les besoins du Maroc sont supérieurs aux 3 millions de tonnes préalablement annoncés», a indiqué un analyste. Cette nouvelle offre d'achat de la part du Maroc a provoqué lundi une nette progression des cours sur le marché à terme américain (CBoT) qui devrait se poursuivre aujourd'hui à l'image des échanges en cours sur la séance électronique continue (e-CBoT). Mardi, le marché à terme européen (Euronext) réagissait par une forte hausse et les cours du blé affichaient 3 à 4 euros par rapport à la veille, dans un volume de transactions étoffé puisque 3.579 lots avaient été échangés en début d'après-midi. La production marocaine de céréales, qui a connu une baisse très sensible à la suite de mauvaises conditions climatiques, se situe autour de 20 millions de quintaux pour la campagne agricole 2006-2007 contre plus de 90 millions de quintaux lors de la campagne précédente, selon le ministère de l'Agriculture. Cette situation a eu des conséquences sur la collecte des céréales, en particulier le blé tendre, dont le volume collecté est évalué à fin juillet 2007 à près de 3 millions de quintaux, soit 80% de moins par rapport à la même période de l'année précédente. Concernant les disponibilités intérieures, le ministère précise qu'elles dépassent les 10 millions de quintaux. Pour le blé tendre, elles sont évaluées à plus de 6 millions de quintaux, quantité permettant de couvrir les besoins d'écrasement des minoteries industrielles pour plus de deux mois. Le ministère de l'Agriculture s'est également engagé à importer des quantités s'élevant actuellement à près de 3 millions de quintaux, dont la moitié est constituée de blé tendre. «Toutes les dispositions nécessaires ont été prises pour couvrir les besoins d'approvisionnement des minoteries industrielles en blé tendre, pour la période allant de juillet à septembre 2007, soit 3 millions de quintaux environ», a ajouté le ministère, précisant qu'un nouvel appel d'offres se rapportant à la période octobre 2007-mars 2008 sera lancé incessamment.

AFP

محمد الخامس : الملك




معالم النضج واختمار التجربة السياسية والدبلوماسية لدى الملك محمد الخامس، بدأت تتبدى وهو يجالس كلا من الرئيس الأمريكي تيودور روزفلت ورئيس الوزراء البريطاني وينستون تشرشل في أنفا، مكان انعقاد المؤتمر الشهير لسنة 1943. فاستقبلهما شخصيا باعتباره ممثل الدولة وهو يرتدي جلبابه الأبيض، وأقام حفل عشاء على شرف الرئيس الأمريكي، منتزعا منه وعدا بالسعي لدى فرنسا من أجل إنهاء احتلالها للمغرب بعد التخلص من شبح القوات النازية. وكأنما هو حدس الرجل يقوده إلى معرفة مآل السلطة الحقيقية على العالم، وما ستؤدي إليه نتائج الحرب من خروج لأبناء العم سام من عزلتهم الجغرافية ونشر تأثيرهم في أوصال النظام العالمي لعهد الحرب الباردة. وعي سوف يترسخ بعد استقلال المغرب حيث سارع محمد الخامس إلى زيارة واشنطن سنة 1957.لقد وصفت جريدة «التايمز» البريطانية محمد الخامس لحظة وفاته سنة 1961 بكونه كان يعيش مع زوجتين شرعيتين وحوالي 28 جارية، في حين كان عمره لحظة رحيله 51 سنة، وهو الحدث الذي ظل طوال المدة الفاصلة بين وقوعه حتى يومنا هذا محط تشكيك وتعدد للروايات الفاصلة والقاطعة بين أسباب موته والضرورات الطبية الحقيقية التي لزمت إجراء عملية جراحية بسيطة على الأنف كلفت عمر وحياة السلطان الذي سلم سبحته لأحد معاونيه قبيل دخوله قاعة العمليات اعتقادا منه أن الأمر لن يتجاوز بضع دقائق.«...عاد الملك محمد الخامس من سويسرا مريضا، وطرح السؤال هل كان بحاجة إلى إجراء عملية جراحية أم كان في غنى عنها؟ وأذكر أن الحاج أحمد بركاش رحمه الله، وكان آنذاك عاملا على الدار البيضاء، قال لي بأن الطبيب السويسري سأله: ما الحاجة إلى إجراء عملية جراحية للعاهل المغربي؟ وأن المرض أعطي حجما لا يخلو من بعض التهويل. وبالتالي لماذا يدفع باتجاه إجراء عملية جراحية؟ وطلب مني أن أخبر العاهل بذلك طالما هو لم يتمكن من ذلك... وأخبرنا سمو الأمير بأن الطبيب نصح جلالته بألا يتكلم... وبعد ذلك أذيع خبر وفاة الملك؟ يقول الفقيه البصري في كتابه «العبرة والوفاء».لقد شكل محمد الخامس في الفترات التي تلت الاستقلال سنة 1956، محط تتبع للدوائر الاستخبارية الفرنسية والأجنبية، ونقل العديد من الكتاب، من ضمنهم إيناس دال، استنادا إلى معطيات دقيقة كون محمد بن يوسف دخل في علاقة غير واضحة المقاصد مع المال، وكل الإجراءات التي اتخذها السلطان في هذا الاتجاه كانت تخفي من وراءها أشياء ربما هو وحده كان مطلعا عليها، ولعل أولها خشيته من عدم دوام جلوسه على العرش بعد أن استعاده من فيافي المنفى.يحكي إيناس دال في كتابه «الملوك الثلاثة»، أن محمد بن يوسف دخل في مسلسل سريع وغير مدروس لتحويل رؤوس أمواله وأملاكه النفيسة للخارج، ومن ذلك أنه كان يتحكم في حوالي 12 مليار سنتيم يوظفها في استثمارات بالدول الأجنبية منها متجر ضخم بمدينة ميلانو الإيطالية حُدد ثمنه وقتها بـ250 مليون فرنك فرنسي، كما قام بالتوازي مع ذلك بدفع الحكومة المغربية التي كان على رأسها الراحل عبد الله إبراهيم إلى شراء قصوره وإقاماته الملكية.وفي هذا الصدد ينقل إيناس دال أن لقاء جمع محمد بن يوسف بالزعيم الاتحادي عبد الرحيم بوعبيد، وكان وقتها وزيرا للمالية والاقتصاد، عرض عليه السلطان خلاله شراء الدولة لإقاماته الملكية باعتبار أن الملك يجب أن يُسكن في قصوره على حساب الدولة، وهو المقترح الذي رفضه بوعبيد خلال لقائه العاصف مع محمد الخامس، لكن ميزان القوى وقتها سرعان ما سيميل لصالح رغبات الملك المالية.لقد حددت تقارير فرنسية سرية خلال السنوات الأولى من الاستقلال حجم الثروة الملكية لابن يوسف بحوالي 3، 5 مليار فرنك فرنسي، أي ما يعادل حاليا ما قيمته 45 مليار سنتيم، في حين اتجه السلطان إلى بيع شبه كلي لأملاكه العقارية بالمغرب وتحويل قيمها النقدية إلى الخارج، تماما كسعيه إلى تحويل أمواله ومجوهرات العائلة الملكية إلى بنك بمدينة لوزان السويسرية، وهي العملية التي كلفته ليلة 28 أكتوبر 1958 شحن ثماني شاحنات كلها مملوءة بصناديق الثروة الملكية كانت معدة لكي تصحب الملك إلى الخارج عبر الطائرة.ويذهب إيناس دال إلى أن محمد الخامس واظب على تنظيم الحفلات واستضافة أعيان ورموز بورجوازية شعبه قصد جمع الهدايا. وأن بعضهم كان يمتنع عن تلبية دعواته في بعض الأحيان تهربا من ثقل «الواجب
المصدر : المساء

Le tribunal de la Moudawana


Un nouveau Code de la famille, c’est bien. Mais les instruments mis en place sont-ils en adéquation avec cette loi novatrice ? Réponse dans les travées du Tribunal de la famille de Casablanca, par une journée de grande affluence.
Nezha, jeune femme de 23 ans, est ce qu’on peut appeler une habituée des couloirs du Tribunal de la famille de Casablanca. Depuis un an, elle s’y rend régulièrement dans l’espoir de forcer la régularisation de sa situation administrative comme celle de sa fille. Car cette aînée d’une fratrie de cinq enfants… ne l’est qu’en théorie : pour l’Etat marocain, Nezha n’existe pas ! “Mon père, déçu de voir ma mère accoucher d’une fille, lui qui s’attendait à avoir une descendance mâle, a tout simplement refusé de m’enregistrer à l’état civil. Il n’a pas non plus enregistré deux de mes quatre frères, sans raison apparente”. Telle une malédiction, la “faute du père” n’a cessé de poursuivre Nezha. Le jour où elle rencontre celui qui deviendra son époux, elle est dans l’incapacité de produire un document prouvant son identité. Sa mère, soumise comme toutes les femmes marocaines d’une certaine catégorie sociale, ne pouvait pas grand-chose pour ramener le père à la raison. Les requêtes répétées de la future belle-famille de Nezha n’eurent pas plus de succès. Qu’à cela ne tienne ! Les deux tourtereaux bravent les usages administratifs et se marient, “selon la sunna d’Allah et de son prophète”, en présence de douze témoins et en scellant leur union par une simple lecture de la Fatiha. De ce mariage naît une fille, aujourd’hui encore sans existence légale.
Nezha décide donc de porter plainte contre son père, pour que la justice, devant l’échec des bonnes volontés, puisse lui reconnaître une existence légale. Ce qui fut fait : il y a un peu plus d’un an, la justice a fini par établir le lien de paternité… 22 ans après la naissance de Nezha. Il reste maintenant à cette dernière de régulariser son mariage, puis enregistrer sa fille sur le carnet d’état civil de son époux. Le parcours du combattant n’en est pas encore à son terme.
Imbroglios judiciairesNezha n’est pas la seule à souffrir de problèmes de cette nature, et que le Code de la famille s’est proposé de régler. Quelques minutes après l’ouverture de la grande porte du Tribunal de la famille, des citoyens, venus de tous les horizons, s’y engouffrent, espérant trouver là l’antidote à leur souffrance : divorce, pension, demande de polygamie, garde des enfants… Autant de problèmes que de personnes, promptes à les partager avec vous, comme si vous pouviez y changer quelque chose. Khalid, adoul à Casablanca, est, pour une fois, passé de l’autre côté de la barrière. Son épouse demande le divorce sous prétexte qu’il rentre tard le soir, “sans prendre en considération la nature même de mon travail”, raconte-t-il à qui veut bien l’entendre.
Ilham a plus de mal à raconter son histoire, tellement elle est complexe. Après seize ans de mariage, son mari l’abandonne pour une autre compagne. Quelques mois plus tard, il revient chercher refuge chez elle, fuyant sa nouvelle conquête. Sauf que celle-ci était enceinte, ce qui compliquait on ne peut plus son remariage avec Ilham. Reste la solution de la polygamie, à condition que la seconde épouse (devenue entre-temps la première) veuille bien donner son consentement… Ce qu’elle refuse toujours de faire. Toujours est-il qu’Ilham vit actuellement avec son ex-mari et ses deux enfants “dans le halal”, tient-elle à préciser, après un remariage selon les règles “coutumières”, avec douze témoins et lecture de la Fatiha. Voici donc l’imbroglio légal qu’aura à démêler le juge du Tribunal de la famille.
Les affaires devant cette cour durent longtemps, au point que les plaignants finissent par se lier d’amitié, à force de se rencontrer… Et pour occuper tout ce beau monde, deux ordinateurs sont mis à leur disposition pour consulter les derniers développements de leurs affaires respectives. Cette aubaine profite, bien entendu, aux avocats, nombreux dans la cour du Tribunal, moins aux citoyens, souvent analphabètes en matière de nouvelles technologies.
Un souk ? Non, un tribunalEn face de l’entrée, six guichets réceptionnent les nouveaux dossiers et les documents, ou se contentent d’orienter vers le service concerné. Chaque guichet est spécialisé dans un type d’affaires : mariage, parenté, divorce... Devant chaque guichet sont affichés les documents qu’il faut fournir dans tel cas ou tel autre. Mais il semblerait que la cacophonie ambiante risque de perdurer. Quand certains ont mis à jour leur vocabulaire légal, conformément au nouveau Code de la famille, d’autres parlent encore d’acte de nikah, officiellement banni au profit de celui de mariage, comme dans les pays civilisés. Mais ce que le Code n’a pas changé, c’est la séparation des genres : les femmes d’un côté les hommes de l’autre. Oui à l’égalité, mais pas partout…
L’intérieur du tribunal ressemble plus à un souk qu’à une bâtisse administrative : ça devise fort entre avocats et clients, les portes des salles d’audience sont béantes et le trafic piétonnier dense en tout sens… Quant à écouter les plaidoiries et les interventions des uns et des autres, il faut tendre l’oreille. Cela se passe presque dans l’intimité, entre concernés, malgré le brouhaha qui règne dans la salle. La présidente intervient de temps à autre pour ramener le silence… qui ne dure jamais longtemps pour saisir des bribes de vies. Des haut-parleurs ? Une paire trône bien au-dessus de la cour… pour le décor.
Manifestement, le Tribunal est dépassé par le nombre d’affaires qui lui sont soumises. Souvent, la présidente se contente d’annoncer la référence du dossier et enchaîne tout de suite avec la date de report, souvent plusieurs mois après l’audience. Au grand dam des plaignants : “Pour un acte de naissance, on me renvoie pour plusieurs mois”, se plaint l’un d’entre eux. C’est devenu évident, la multiplication des affaires de famille nécessite une intervention plus qu’urgente du ministère de la Justice. Une tournée dans les couloirs du tribunal suffirait pour s’en convaincre.
Par Sanaa Elaji - TelQuel

VIRGINITE ... est ce encore tabout ?

Pour les jeunes Marocaines, arriver “intacte” au mariage reste un puissant impératif social. Celles qui passent outre sont pourtant de plus en plus nombreuses… mais rares sont celles qui osent l'avouer, et encore moins l’assumer. Quant à le revendiquer, n'en parlons même pas…
La scène se passe dans l'un des pubs branchés de Casablanca. Adil, la trentaine, est accosté par une jeune fille qui le trouve “mignon” (elle le lui dit sans façons) et qui aimerait absolument “tenter quelque chose, pourquoi pas dès ce soir” (elle le lui dit aussi, les yeux dans les yeux). Adil se laisse facilement convaincre, surpris que la jeune femme, 22 ans, plutôt BCBG, puisse être aussi directe. À 3 h du matin, voici que le couple improvisé se dirige vers le domicile de la fille - à sa demande. “À 6 h, après avoir fait notre affaire, elle m'a littéralement mis à la porte”, raconte Adil, encore sous le choc d'une telle audace.
Des filles “qui couchent”, il en a vu. Mais des comme celle-là, assumant leur sexualité avec autant de naturel - aussi facilement qu'il l'assumerait lui, pour tout dire - c'est quand même nouveau…
Dire que les toutes jeunes Marocaines d'aujourd'hui mènent une vie sexuelle décomplexée serait bien entendu une généralisation abusive. Cela dit, l'évolution des mœurs est de plus en plus perceptible. De l'avis de Adil et de ses nombreux semblables, celles qui attendent le feu vert des adouls pour passer à l'acte sont en passe de devenir une rareté. “Socio-statistiquement” parlant, les raisons sont faciles à imaginer : l'âge du mariage qui recule parallèlement à l'autonomisation croissante des femmes, les conditions économiques qui font que… Mais ce n'est quand même pas aussi simple que cela en a l'air.
Déjà, celles qui défrichent ce nouveau terrain des mœurs se recrutent dans une certaine catégorie, strictement urbaine, relativement aisée et consommatrice de loisirs. Si on les rapporte aux 15 millions de femmes Marocaines, il ne s'agit que d'une petite minorité, dont la perception moderne de la morale est à quelques années-lumière de celle du Maroc profond.
Amine, cadre supérieur de 32 ans, ne connaît qu'elles. “Une fille vierge, ça n'existe plus”, tranche-t-il sans ambages. Pour ce noctambule averti, la virginité est devenue une exception qui suscite l'étonnement, voire… un handicap ! “Avant, les filles avaient honte de dire qu'elles n'étaient plus vierges. Maintenant, ce sont celles qui le sont encore qui deviennent la risée de leurs copines”, soutient-il.
“La suite logique des choses”Plus qu'une tradition “dépassée”, la virginité, pour les jeunes femmes des classes moyennes urbaines, est désormais perçue comme difficilement compatible avec la nouvelle réalité sociale. L'âge du mariage pour les femmes est désormais de 27 ans, sans doute la moyenne la plus élevée jamais enregistrée dans l'histoire du Maroc. Quant à la mixité, elle est inévitable dans l'espace public et professionnel. Ce n'est pas tant que les jeunes Marocaines “couchent” plus facilement parce qu'elles ont pris conscience de leur droit à une vie sexuelle aussi libre que celle des hommes. Mais le soubassement de l'impératif traditionnel de virginité (préserver sa “pureté” pour le futur mari) est de moins en moins soutenable. D'abord, elles n'ont plus besoin d'un mari pour être financièrement autonomes de leurs parents. Et puis, une question toute simple : et si le mari n'arrivait jamais ?
Beaucoup finissent donc logiquement par franchir le pas. “J'ai toujours su que je perdrais ma virginité le jour où je rencontrerai la bonne personne. Je l'ai fait à 25 ans et je ne le regrette pas”, témoigne Halima, 30 ans, célibataire. Pour Halima, la perte de la virginité n'a pas été une reddition à la réalité socio-économique, mais un choix assumé, dicté par l'envie de vivre pleinement sa sexualité. D'autant plus que “la bonne personne” avec qui elle a franchi le pas était un homme marié… “Il me plaisait et je me sentais bien avec lui. Alors, je ne me suis pas posé trop de questions”, explique-t-elle. Safae, la trentaine, cadre dans le privé, vit la chose d'une manière encore plus détachée : “Cela fait dix ans que je ne suis plus vierge. Et franchement, cela ne m'a jamais inquiétée, lance-t-elle avec le sourire. Je me rappellerai toujours de ce qu'un psy m'avait dit un jour : on ne perd pas sa virginité, on gagne en civilité”. D'autres jeunes femmes choisissent de perdre leur virginité parce qu'elles se sentent bien et épanouies avec leurs partenaires, et que “c'est la suite logique des choses”. Et le mariage, est-ce pour elles “la suite logique de la suite” ? Même si elles ne l'admettent pas facilement, l'idée est souvent là, tapie dans une sorte d'inconscient collectif encore difficile à évacuer totalement. On est encore loin d'un scénario à l'européenne, où les jeunes femmes trouveraient naturel de découvrir leur sexualité aussi tôt que possible.
Celles qui franchissent le pas gardent toujours un souvenir marquant de “la première fois”. Pour les plus chanceuses, c'est le modus operandi qui, a posteriori, les aide à surmonter une mauvaise conscience quasi instinctive. “Je n'ai pas eu mal. Cela s'est fait sur plusieurs fois et très doucement”, affirme Hasna, 30 ans. Ce n'est pas le cas de Zineb, 38 ans, aujourd'hui mariée, qui garde un souvenir franchement désagréable de sa première expérience. “J'ai été traumatisée. Je n'arrivais pas à dépasser mon angoisse par rapport à l'éducation que j'ai reçue. Mes regrets ne se sont complètement estompés qu'après un long voyage en France, et après avoir constaté la liberté dont jouissent les Européennes. Ce n'est qu'après avoir vu ça que je suis réellement arrivée à couper le cordon”.
Amal Chabach, sexologue à Casablanca, explique qu'il reste difficile pour une Marocaine d'assumer une sexualité épanouie, même après avoir perdu sa virginité. “A l'égard de la sexualité préconjugale, notre société cultive un triple interdit : éducationnel, religieux et légal. Comment voulez-vous ne pas culpabiliser dans ces conditions ?”, s'indigne-t-elle.
Reste que, même si la culpabilité est dépassée, l'espoir du mariage est toujours présent, en inéluctable trame de fond. C'est juste qu'un autre espoir s'y superpose : celui de tomber sur un mari “qui m'acceptera comme je suis”. Comprenez “malgré mon handicap”. Dur, dur, de dépasser complètement le traumatisme du “triple interdit”… Heureusement, de plus en plus d'hommes n'en font plus une affaire de principe. Il est vrai que le concept de mariage a aussi évolué. L’intervention des parents dans le choix de la promise n’est plus aussi décesif qu’elle l’était. L’homme, soumis à moins de pression, a désormais plus de latitude pour choisir seul sa fiancée, vierge ou pas. “La virginité reste toujours associée au mariage, explique le sociologue Jamal Khalil. Si elle n'est plus autant exigée, c'est parce que la question ne se règle plus entre les familles, mais au sein du couple”.
Qu'en pensent les hommes ?Le rite moyenâgeux du seroual tâché de sang qu'on exhibe à la sortie de la chambre nuptiale comme preuve de la “bonne conduite” de la nouvelle mariée a, heureusement, quasiment disparu. Pourtant, beaucoup d'hommes, même parmi ceux qui se disent “modernes”, avouent n'envisager épouser qu'une vierge. “Dans un focus group, j'avais demandé à un jeune cadre s'il était prêt à se marier avec une fille qui avait déjà eu une expérience sexuelle. Il m'a répondu qu'il 'pourrait lui pardonner'”, raconte la sociologue Soumia Nouamane Guessous. Pas de raison que les hommes soient moins marqués par leur éducation que les femmes…
En réalité, le regard que portent les Marocains sur les filles dépucelées comporte un curieux paradoxe. Au sujet de l'impératif de virginité, beaucoup affichent une incontestable ouverture d'esprit. Dans le même milieu social, toujours (urbain, classe moyenne), de plus en plus d'hommes admettent qu'il est injuste de demander aux filles de rester vierges, alors que la réciproque n’est pas exigée des hommes - bien au contraire. Mais ceux-là sont encore loin de constituer la majorité. Hanane en sait quelque chose. Quand Karim a demandé sa main alors qu'ils n'avaient pas encore consommé, elle avait trouvé ça légèrement désuet mais “romantique”. “Par honnêteté”, elle lui a annoncé qu'elle n'était plus vierge. “Quand je lui ai dit ça, raconte-t-elle, il a serré les lèvres, puis m'a dit qu'il 'n'avait pas de chance', mais que ce n'était 'pas grave'. J'ai immédiatement rompu”. Réalisant sa bourde, le prétendant l'a harcelée au téléphone de longs mois durant. Mais Hanane n'a pas cédé. “Il a dit tout haut ce que beaucoup d'hommes pensent tout bas. Dans un sens, il m'a rendu service. Imaginez que je n'aie découvert sa vraie mentalité qu'après le mariage”, frémit-elle.
Encaisser des remarques blessantes, c'est peut-être le prix à payer par celles qui ont choisi d'afficher sans détours leur droit à la sexualité. “Ça veut dire quoi, la virginité ? Si c'est ne jamais avoir couché avec un homme, dans ce cas, aucune Marocaine n'est vierge”, se révolte Hasna. Car, c'est bien connu, on peut avoir une vie sexuelle des plus délurées sans perdre sa virginité pour autant. Obnubilées par le discours de leurs mères, les pressant de “préserver le 'trésor' qu'elles ont entre les jambes” (sic !), nombreuses sont les jeunes Marocaines à offrir leur corps à tous les plaisirs… sauf à la pénétration. Sodomie, fellation, frotti-frotta (aussi connu sous le sobriquet de “pinceau”)… tout est envisageable, pourvu que le sacro-saint hymen soit préservé. Et les hommes, qu'en pensent-ils ? “Tant qu'ils éjaculent, ils sont contents”, tranche Hind, 24 ans et grande adepte du “bricolage” sexuel. Mais Hind, elle, est-elle “contente” ? A cette question, nous n'aurons qu'une moue peu convaincue en guise de réponse… “L'épanouissement sexuel devient important pour les femmes aussi, assure Jamal Khalil. Ce n'est pas encore la norme, mais c'est une tendance qui progresse”. Ajoutons : dans la difficulté, parce que les hommes, de leur côté, ont du mal à s'habituer aux nouvelles exigences de leurs partenaires, hier encore majoritairement vierges. “J'ai plaqué mon copain parce qu'il était égoïste au lit, et ne recherchait que son propre plaisir”, raconte Halima. Il est loin le temps où elle se sacrifiait pour ses partenaires, juste “pour qu'ils sentent que je les aime”. Zineb, 28 ans, résume parfaitement cette évolution : “Au fil des expériences, on n'est plus gourmand mais on devient gourmet. C'est très différent”.
L'hypocrisie familialeLa famille, évidemment, reste le premier frein à une sexualité féminine pré-conjugale épanouie. Rares sont celles qui osent vivre seules, même si elles sont autonomes financièrement. La pression de la famille et du qu'en-dira-t-on reste très forte, tous milieux sociaux confondus et quel que soit l'âge de la jeune femme. D'après une enquête du quotidien l'Economiste, 62% des jeunes Marocaines considèrent “compliqué” d'avoir un flirt, jugeant que les principaux obstacles sont la famille (43%) et le voisinage (23%). Compliqué, mais pas impossible. Il suffit de se conformer à une autre “norme suprême” largement en vogue au Maroc : l'hypocrisie. Comme dit le proverbe, “si l'œil ne voit pas, le cœur ne souffre pas”… Les familles, surtout les mères, ne sont pas dupes. Elles se doutent bien que leurs filles ont une vie sexuelle, mais ne peuvent plus se permettre, comme cela se faisait naguère, de les mettre en demeure de quitter la maison si elles ne renoncent pas à la “débauche”. Elles pourraient bien les prendre au mot… Même une approche moins dramatique, qui consiste simplement à “en parler”, est généralement proscrite par les mères de famille. Leurs effrontées de filles pourraient bien, tout simplement, leur dire la vérité… et faire voler en éclats leur référentiel culturel. “Je ne peux pas en parler avec ma mère, malgré la complicité qui nous lie, se désole Halima. Elle serait instantanément persuadée que c’est à cause de la perte de ma virginité que je suis toujours célibataire, et le vivrait comme un drame”.
Le faire, donc, mais ne jamais l'avouer. Et pas qu'aux mères ! Selon la même enquête de l'Economiste, 67% des Marocains mâles disent avoir eu des relations sexuelles avant le mariage, alors qu'une proportion voisine de filles affirme… le contraire ! Selon une autre étude, pilotée par le Pr Nadia Kadiri, psychiatre au CHU Ibn Rochd, 98% des Marocaines de 20 ans et plus estiment que l'impératif de virginité avant le mariage est… “une règle sociale à préserver” ! Au-delà de la perplexité que peut susciter une hypocrisie aussi générale, ce chiffre laisse pointer une sérieuse inquiétude pour l'avenir : non seulement ces jeunes femmes mentent effrontément sur leur sexualité… mais elles semblent d'ores et déjà prêtes à éduquer leurs filles comme leurs mères les ont éduquées. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, et l'évolution socio-économique du Maroc étant, sauf accident de l'histoire, irréversible, la conclusion, hélas, s'impose : l'hypocrisie sur la virginité a encore de beaux jours devant elle !
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Paroles de femmes.
Leila, 31 ans, directrice de communication“Je n'ai jamais considéré l'hymen comme quelque chose de précieux que je devais préserver pour mon mari. Une fille vierge est une fille dont aucun homme n'a vu le corps. Et cela n'existe plus. Je n'ai pas honte de dire que je couche parfois avec des mecs juste pour le plaisir. J'assume pleinement ma vie sexuelle. Si un garçon me plaît, je lui dis clairement que j'ai envie de lui. Mais je sens que cela choque encore, même les filles les plus émancipées”.
Salima, 27 ans, avocate“Je ne sais pas ce que c'est que la virginité. J'ai été violée à l'âge de 12 ans. Adulte, j'ai eu quelques aventures amoureuses, mais aucune n'a abouti au mariage. Je sens que c'est mon passé qui en est la cause. Chaque fois que je couche avec un homme, je culpabilise. La virginité est un don du ciel. On me l'a volé. Je me sens amputée, souillée… et c'est pour cela que je suis maintenant dans une période d'abstinence. Ma dernière relation était avec un homme très sympathique, mais qui ne voulait pas se marier. J'ai fini par laisser tomber, car cela n'avait aucun sens, aucune finalité”.
Hasna, 30 ans, cadre“Mes relations amoureuses sont conflictuelles. Je n'arrive pas à me retrouver depuis la fin de ma première expérience, celle où j'ai perdu ma virginité. Je suis restée avec un homme pendant trois ans avant de découvrir qu'il était marié. Depuis, je crois que j'ai totalement perdu confiance. Des hommes, j'en ai connu, mais aucun ne pouvait remplir le vide laissé par le premier. Je lui en veux, parce qu'il était beaucoup plus proche de moi que n'importe qui. Quand je couche avec quelqu'un, je sens que c'est pour me venger de lui”.
Leila, 34 ans, sans emploi“Je suis vierge, dans le vrai sens du terme. Aucun homme ne m'a jamais touchée, même pas pour un bisou sur la bouche. Avoir une sexualité avant le mariage est contraire à mes principes et à ma religion. Ma virginité, j'y tiens, quitte à rester seule jusqu'à la fin de mes jours. Pour moi, c'est le meilleur cadeau qu'on puisse offrir à son époux. Quant j'ai des pulsions sexuelles, je me masturbe. Mais jamais je ne céderai à la tentation. La virginité est pour moi une fierté et je n'ai pas honte de le dire autour de moi. Celles qui passent à l'acte ne valent pas mieux que des prostituées. Puisse Dieu les ramener à la raison”.

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Paroles d'hommes.
Adil, 31 ans, homme d'affaires“J'aimerais bien tomber sur une fille sérieuse, même si elle n'est pas vierge. L'important, c'est qu'elle soit sincère et cohérente dans ses idées. Ce que je redoute le plus, ce sont les filles qui affichent une ouverture à l'européenne, mais qui deviennent des épouses castratrices après le mariage. Je ne veux pas être dupé. Les filles sont très compliquées. Si tu leur expliques dès le départ que tu veux uniquement t'amuser, elles te suivront sans problème. Si tu commences à leur dire que tu es sérieux et que tu veux te marier, elles feront tout pour ne pas arriver au lit, te laisseront languir pendant plusieurs mois et te diront à la fin qu'elles sont toujours vierges et donc, qu'elles ne se donneront qu'après le mariage”.
Hamza, 29 ans, chef d'entreprise“Je sors avec des filles clean, pas bnat zenqa (des filles de la rue). C'est plus simple d'avoir une sexualité épanouie dans une relation sérieuse. La virginité ? Je m'en fous. J'ai vécu deux expériences de concubinage et cela s'est très bien passé. Le courant passe facilement avec les filles ouvertes d'esprit qui ont fait des études à l'étranger. Et puis, arrêtons de nous fier aux apparences. Une fille qui s'amuse n'est pas forcément une salope. Elle ne va pas croiser les jambes en attendant le prince charmant”.
Amine, 33 ans, cadre“Les filles d'aujourd'hui sont facilement abordables. Avant, il fallait sortir avec une fille pendant des mois pour pouvoir espérer quelque chose, un simple frotti-frotta dans le meilleur des cas. Maintenant, elles sont plus ouvertes et savent ce qu'elles veulent. Une soirée galante, quelques verres, et le tour est joué. Parfois, certaines te proposent carrément de les accompagner chez elles. Cela ne me surprend pas. Au contraire, elles me facilitent la tâche”.

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Mentalités. L'hymen, ce “bijou précieux”
La réfection de l'hymen, “hyménoplastie” de son nom scientifique, a fait la fortune de beaucoup de chirurgiens marocains. Cette pratique, qui consiste à “recoudre” la membrane pour la ramener à son état initial, permet aux filles dépucelées, littéralement, de “se refaire une virginité” pour mieux duper de futurs maris un tantinet conservateurs. Et le marché est plutôt juteux. Pour les jeunes femmes qui cherchent à effacer une ou deux expériences “coupables”, le tarif oscille entre 3000 et 4000 DH, et l'intervention peut être effectuée la veille de la nuit de noces. Celles qui ont eu une activité sexuelle régulière doivent en revanche subir une opération plus lourde, au moins un mois avant la nuit de noces, et le prix peut aller jusqu'à 10 000 DH.Bien que répandue, l'intervention reste illégale. Comme l'avortement, elle se fait dans l'arrière-boutique des cabinets de gynécologues ou de généralistes. Une clandestinité qui joue, bien entendu, à la hausse sur les prix. Mais selon les gynécologues que nous avons consultés, la pratique serait en perte de vitesse. La chose se pratiquerait nettement moins que dans les années 80 ou 90, “parce que les habitudes sexuelles ont changé”.Un gynécologue raconte qu'il a un jour reçu un homme barbu, terrorisé que sa petite fille de 6 ans, dont le bas-ventre avait été accidentellement percuté par le guidon d'un vélo, ait… perdu sa virginité ! “Ce genre de névrose est très rare chez les gens issus de catégories sociales plus aisées”, précise notre gynéco. Une dame de la haute bourgeoisie lui avait un jour amené, pour une consultation, sa fille de 14 ans, qui avait utilisé un tampon hygiénique. “Mais la mère était beaucoup moins inquiète d'une éventuelle perte de virginité que d'une infection”. Ouf !

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Au-delà de l'“avant-garde” citadine…La misère sexuelle reste la norme
“àl'adolescence, les garçons et les filles découvrent leurs corps, subissent des pulsions, mais dans le silence le plus total. Adulte, le garçon est prisonnier du “syndrome de la virilité” qui le pousse à maintenir son érection coûte que coûte, plutôt qu'à rechercher le plaisir. Quant à la fille, habituée à la négation de son corps, elle sera incapable d'assumer sa féminité en dehors de la maternité”. L'analyse - lapidaire - est de la sociologue Soumia Nouamane Guessous, à laquelle on doit le fameux Au-delà de toute pudeur (Eddif), plus grand best-seller marocain de tous les temps. Elle démontre que l'indigence sexuelle dramatique dans laquelle vivent la grande majorité des Marocains (hors de la timide “avant-garde” urbaine de la classe moyenne) est, tout simplement, une affaire d'éducation. La “hchouma” qui entoure le sujet engendre toujours d'innombrables dégâts sur le rapport au corps, à la virginité, au plaisir. Selon une étude du Pr Nadia Kadiri, psychiatre au CHU Ibn Rochd de Casablanca, 68% des Marocaines n'ont jamais reçu d'éducation sexuelle d'aucune sorte avant d'avoir leurs premiers rapports sexuels. Pire, 31,5% des Marocaines pensent que l'éducation sexuelle est… néfaste pour les enfants ! La même étude montre que les relations sexuelles, chez les Marocaines, sont d'abord motivées par le besoin de procréation (70,3%) ou par la recherche de la satisfaction du mari (28,2%). La quête du plaisir n'est mentionnée que par un misérable taux de 1,3% des sondées. Les Marocaines étant majoritairement persuadées que les hommes ont plus d'expérience qu'elles, se laissent faire sans jamais exprimer leurs désirs. Mais les hommes ne sont pas, loin s'en faut, exempts de névroses sexuelles. La plus fréquente : la forte angoisse de ne pas maintenir leur érection assez longtemps. Quant au plaisir féminin, il est, pour la plupart des Marocains (femmes comprises !), entouré du plus grand mystère. Résultat, pour le Pr Kadiri : “Chez les Marocains, le sexe se traduit très rarement par un véritable partage. On ne pourra pas envisager d'éveil sexuel tant que les Marocaines et les Marocains ne recevront pas une éducation sexuelle dans leur première jeunesse”.

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Lexique. Brutal langage
S’agissant de la virginité féminine (ou de son absence), les Marocains ont un lexique particulièrement riche… et brutal. On dira ainsi d'une fille vierge : mazala bent (“c’est encore une fille”), baqa nqia (“elle est encore propre”), ma 3ammarha daqtou (“elle n’y a jamais goûté” - en référence au pénis) ou encore le très élégant baqa f'mikt'ha (“elle est encore dans son emballage”). Quant à une fille dépucelée, les plus sobres diront d'elle wallat mra (“elle est devenue une femme”). Quant aux autres, ils auront le choix, pour la qualifier, entre les adjectifs mahloula ou mserrha (“ouverte”), metqouba (“trouée”) et mefrou3a (“éclatée”). Terrible… et édifiant !