samedi 8 septembre 2007

D'Internet en festivals, Bigg le rappeur et Hoba Hoba Spirit enflamment les jeunes Marocains

Enfin la jeunesse marocaine est en phase avec ce qui se passe dans le monde. On n'est plus dans un ghetto." Parole d'expert : la remarque vient de Réda Allali. L'homme n'est plus tout jeune (36 ans) mais il est aux premières loges pour observer la génération montante. Son groupe, Hoba Hoba Spirit, fait un tabac dans le royaume : plus de 40 000 spectateurs cet été à Casablanca, deux fois plus au festival d'Essaouira. "On est toujours surpris par le succès que l'on rencontre", dit Réda. Et pas seulement au Maroc. Depuis le printemps, Hoba Hoba Spirit - inutile de chercher une signification au nom du groupe, il n'y en a pas - a sillonné l'Espagne, la Suisse, la Tunisie, la France, l'Algérie.

Difficile de cataloguer sa musique. C'est un mélange de rock, de reggae, de chaabi (la musique populaire) sur des textes qui, mêlant arabe dialectal et français, parlent avec humour et finesse de tout et de rien, de Casablanca et des poncifs que la ville traîne avec elle, des images déversées par les télés occidentales, des élections "science-fiction", des bien-pensants, des policiers qui, de l'autre côté de la Méditerranée, "gardent les frontières/Ils sont armés jusqu'aux dents et ils surveillent la mer/Avec des barbelés et des chiens policiers/Pour empêcher les affamés de débarquer".

Le succès de Hoba Hoba Spirit tient du miracle. Le groupe est né il y a près de dix ans, par hasard et sans ambition précise, dans un quartier de Casablanca. A l'époque, Réda, guitariste et parolier du groupe, était jeune ingénieur chez IBM. Passant d'un groupe à l'autre, les musiciens étaient des nomades. L'arrivée d'Internet, la floraison des radios, la multiplication des festivals ont tout changé (celui d'Essaouira, le plus populaire, a drainé, cette année, 400 000 personnes en quatre jours). Hoba Hoba Spirit a trouvé un public.

Et le miracle s'est répété pour d'autres. Aujourd'hui, une demi-douzaine de groupes existent au Maroc. Ils ont créé, chacun dans leur genre, quelque chose d'original, et en vivent. Venu de Meknès, H-Kayne (littéralement, "Qu'est-ce qui se passe", mais avec un jeu de mot autour de la lettre H comme haschich) est le groupe phare de la scène hip-hop marocaine. Amarg Fusion, né à Agadir, marie reggae et instruments de musique berbère, tandis que Darga (Cactus) pratique un reggae festif.


CULOT MONSTRE


Et puis il y a Bigg, la grande gueule du rap marocain, 26 ans, un bon quintal, une créativité et un culot monstres. Dans l'un de ses titres, il a réussi la prouesse de parler de l'ancien bagne de Tazmamart, du général Oufkir, des gros bonnets de la drogue et d'un commissaire de police violeur en série !

Aucune maison de disques n'a encore mis le grappin sur ces groupes. Ils produisent et commercialisent eux-mêmes leur musique avec des méthodes artisanales. La sortie des nouveaux titres est annoncée sur la Toile avec la liste des boutiques où le CD sera disponible. La promotion ? Elle se fait sans plan médias, mais avec efficacité. Bigg le rappeur a fait, il y a quelques mois, la "une" du Journal, hebdomadaire des plus sérieux. Le piratage instantané des nouveaux albums, qui ramène à quelques semaines leur espérance de vie commerciale ? "Cela ne nous gêne pas. Cela fait partie du jeu", lâche Réda.

Les groupes vivent exclusivement des cachets versés par les sponsors des festivals (l'entrée y est gratuite) et, dans de rares cas, de l'utilisation publicitaire de leur image. Bigg est ainsi lié par contrat à Maroc Télécom, principal opérateur de téléphonie du pays. "Est-ce qu'ils vont réussir à tenir si leur survie économique dépend des seuls festivals ? Il faudrait définir une politique culturelle. Or l'Etat s'en désintéresse. Il est absent", nuance un organisateur de festival.

Le succès phénoménal de cette jeune scène musicale ne fait pas que des heureux. Des partis politiques ont la dent dure contre ces groupes accusés pêle-mêle de faire le jeu des Israéliens, d'être inféodés aux Américains, de se livrer à des cultes sataniques et de faire l'apologie des l'homosexualité. "L'oppression principale vient de la société, pas du pouvoir", avance Réda. Mais il y a aussi ceux qui ont compris que ces artistes sont des vedettes qui drainent les foules et dopent les audiences. Même la télévision publique, peu connue pour ses audaces, commence à les accueillir pour des émissions en direct. Et pour rajeunir son image vieillotte, le parti socialiste marocain, l'Union socialiste des forces populaires (USFP), a eu l'idée d'inviter Bigg et Hoba Hoba Spirit à se produire en concert à Casablanca. De mémoire de militant, jamais une "fête de la rose" n'avait connu pareil succès.

Jean-Pierre Tuquoi
LeMonde

ElectionsCom’. Une campagne new age

Les partis politiques utilisent de nouvelles techniques pour séduire l'électorat qui les boude. Spots télé, SMS, blogs, journaux de campagne… ça communique tous azimuts, c’est moderne, hype… et souvent décalé !
Sur 2M, courant de la semaine, le secrétaire général d'un parti de troisième division se présente aux citoyens : “nous sommes un parti progressiste, ni de droite, ni de gauche. Nous avons parmi nous aussi bien des ouvriers que des hommes d'affaires. Notre programme ? Trop long pour le détailler, mais j'essaierai de vous en dire quelques mots”. Suite à quoi, le vieux politicien remet ses lunettes et plonge dans ses papiers, tandis que le téléspectateur a sans doute déjà zappé. Les quelques mots que voulait glisser ce candidat tombent dans l'oreille d'un sourd à cause d'une communication d'un autre temps, qu'on dirait tout droit sortie des archives de Dat El Brihi. Mais ne jetons pas la pierre à toutes les formations politiques lancées à la conquête du Parlement. Depuis quelques jours, les électeurs ont droit aussi à quelques bonnes surprises durant la campagne électorale. Sites Internet interactifs, films institutionnels, SMS… les principaux partis politiques usent depuis peu des NTI et de la communication ciblée.
C'est ainsi qu'à l'Istiqlal, on a remisé au placard Abbas El Fassi, lui laissant les meetings traditionnels, pour mettre en avant la jeune garde des ministres du parti dans les spots télé. Le téléspectateur a ainsi pu voir Adil Douiri et Karim Ghellab parlant du chômage, debout, avec une gestuelle à la Al Gore. Ils sont jeunes, ils présentent bien, c'est de l'or en barre pour vendre les idées de l'Istiqlal. Cependant, le parti de la balance se défend d'avoir fait un quelconque casting. On préfère parler d'action gouvernementale à défendre : “Nous avons fait appel à eux car ils sont ministres en exercice et que nous avons, avant tout, un bilan à défendre”, disent les Istiqlaliens. Certes, mais à une nuance de taille que relèvent, telle une évidence, beaucoup de spécialistes de la communication : “Aujourd'hui, un parti politique ne vaut plus uniquement par ses idées, mais aussi par l'image qu'il véhicule. Nous passons de l'ère de l'idéologie à celle de l'imageologie”, analyse Younès Bellatif, patron de Convergences conseils, agence spécialisée dans le coaching des dirigeants.
Télé : plus c'est court, plus c'est efficaceC'est clairement à la télé, média de masse par excellence, que le changement est le plus perceptible. Les spots diffusés par les partis politiques sont réalisés par des agences de communication et utilisent la technique du micro-trottoir. Les thèmes cernés sont ceux mis en relief par le dernier sondage de 2007 Daba d'où il ressort qu'une campagne électorale efficace doit parler du chômage et de la pauvreté. Message entendu 5 sur 5 par le PPS avec son film institutionnel “Exprime-toi”, un court-métrage réalisé par Younes Reggab, sur une BO de H-Kayne. Les témoignages des citoyens s'y veulent édifiants. Extraits : “Je vis dans la saleté, se lamente une bidonvilloise. Ici, les garçons commencent à se droguer à 16 ans parce qu'ils n'ont pas de boulot, pas d'avenir”. “Je sais que je ne trouverai pas de travail car je n'ai pas de piston”, renchérit un jeune.
“Les partis politiques jouent la carte de la vérité parce qu'ils savent que le citoyen ne croit plus aux discours politiques”, analyse encore Younes Bellatif. Cela dit, même si le langage a changé au sein des grands partis, ce n'est pas encore le cas chez les petits poucets de la politique. Question de moyens, sans doute. Ainsi, un film institutionnel nécessite pas moins de 200 000 dirhams. Une formation comme le PSU n'a pas pu s'offrir ce luxe. Sur recommandation de 2007 Daba, le parti a certes fait appel aux services d'une agence casablancaise pour préparer ses spots télé et les interventions des ses cadres. Mais il a laissé tomber le projet à la dernière minute quand il a découvert le devis : 390 000 DH. Com' nouvelle ou pas, le nerf de la guerre électorale ne change pas. Il faut de l’argent.
Les NTI appelées au secours“ça bouge à la télé”, pour reprendre la célèbre formule des années 80. Et ça s'agite furieusement sur le Net, car les coûts y sont dérisoires. La majeure partie de la campagne du PPS se fait via Internet, un projet clé en main confié à l'agence Back Office. Sa mission: élaborer et mettre à jour le contenu du site www.pps-maroc.com et ses trois composantes : blogs, forum et le site de la campagne. Résultat : plus de 3500 visites par jour et 135 adhésions en un mois.
Les internautes viennent chatter avec les membres du bureau politique qui tiennent des blogs. Ces derniers y font parfois des révélations, à l'instar de Nouzha Sqalli. Elle a expliqué dans un “post” que son éviction de la liste nationale a été fomentée par un lobby au sein du parti. D'autres se la jouent à l'américaine, à l'image de l'ex-journaliste Anouar Zyne. Ce dernier, candidat de l'Union Constitutionnelle à Hay Hassani, à Casablanca, fait sa promo essentiellement sur le web grâce à des clips où il explique son programme en darija. Son objectif déclaré : contrer l'islamiste Saâdeddine
El Othmani. Même le Mouvement populaire, parti à l'image plutôt rurale, s'est mis aux NTI. “Nous sommes fiers de notre base rurale, mais nous aspirons également à plus de modernité”, explique ainsi Mohamed Ouzzine, directeur de la campagne du MP. Ce parti s'est notamment bâti une base de données de 100 000 électeurs potentiels, avec leurs numéros de portable, afin de les informer via sms sur le programme de la formation et le déroulement de la campagne.
C'est sûr, ça fait plus moderne qu'une zerda traditionnelle et une visite au souk du coin. Mais ne nous leurrons pas, le tract reste un classique indémodable. Le bon vieux papier est le vrai fer de lance de la campagne électorale. Mais là aussi, le lifting a bien eu lieu. Les partis accordent plus d'importance au traitement de l'image et aux choix des couleurs de leurs affiches, banderoles, bâches imprimées en numérique, sérigraphie, flyers, dépliants… Deux formations ont carrément sorti des journaux de campagne, le PJD (30 000 exemplaires tirés trois fois par semaine) et le RNI (25 000 exemplaires par jour). Dans cette foire à l'écrit, les partis du gouvernement ont un même objectif : défendre leur bilan. C'est même une première à l'USFP, dont les brochures des candidats reprennent les réalisations du gouvernement sortant, où le parti est représenté en force avec sept ministres. Mais l'Oscar de la proximité revient au PPS. Afin de séduire les jeunes, la formation d'Ismaïl Alaoui est la seule à avoir concocté des dépliants en darija, “le langage de la vérité”, selon les termes du jeune Youssef Blal, jeune cadre du parti et fils d'une figure emblématique des anciens communistes : Aziz Blal.

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Partis-Agences de com’. Un mariage de cœur ou de raison ?

“Le volontariat et la débrouillardise dont faisaient montre les militants cèdent la place à l'expertise. Mais en même temps, les partis n'ont pas lâché les modes de gestion de la communication basés sur le flair, la formation sur le tas et l'expérience de terrain”, explique Driss Aïssaoui, directeur de l'agence A2Z Communication, qui pilote la campagne de l'USFP. En effet, les nouveaux outils de communication n'ont pas remplacé le bon vieux porte-à-porte, les sorties des mosquées, des hammams et les tournées dans les lieux publics. “Il faut d'abord que chaque domicile soit au courant. Ensuite, nous sélectionnons les foyers satellites qui peuvent diffuser notre message”, explique Najib Akesbi, numéro 2 de la liste du PSU à Rabat-Océan. Même les formations ayant fait appel à des spécialistes ne leur ont pas délégué toute leur communication. “Il y a un phénomène de distanciation nécessaire et d'appropriation de la culture interne propre à chaque formation politique, qui n’est pas toujours aisé à assimiler de part et d'autre dans ce processus de rapprochement agence/parti politique”, ajoute Aïssaoui. Alors, pour servir un parti, une agence doit-elle être sympathisante? Oui, à en croire l'agence Back Office, dont la fibre socialiste l'a poussée à choisir le PPS comme client.

El Himma. La surprise du chef




Le 7 août, Fouad Ali El Himma n'était officiellement plus le numéro deux du régime, mais un simple candidat à la députation, représentant la région des Rhamna. Personne n'avait vu venir le coup, même au sein du gouvernement et de la nomenklatura politique, incrédules. Comment expliquer un tel coup de théâtre, comment trancher si le départ a été voulu ou forcé, à quoi nous prépare-t-on ?
Démission ou licenciement ? Selon la version de l'agence officielle MAP, c'est El Himma lui-même qui a demandé à partir, pour se présenter aux élections. Sans plus. Le ton de la dépêche, relativement neutre, ne renseigne pas davantage sur les motivations profondes de ce départ-surprise. Extrait : “Le souverain a donné sa haute bénédiction à la demande de M. Fouad Ali El Himma de voir mettre fin à ses fonctions de ministre délégué à l'Intérieur et a bien voulu accéder à son souhait de se présenter aux prochaines élections législatives”. Assailli de questions, El Himma a eu pratiquement la même réponse pour tous : “Ma démarche ne répond à aucun agenda politique”. L'ancien ministre laisse ainsi entendre que ce qui s'est passé ne répond à aucun calcul et qu'on ne risque pas de le voir, comme on peut légitimement le penser, briguer un nouveau mandat ministériel (la primature ?) dans quelques semaines. A voir. “Si ce départ n'obéit réellement à aucun calcul politique, et si El Himma a délibérément choisi de troquer son portefeuille ministériel contre un éventuel mandat de député de Benguérir (chef-lieu des Rhamna), c'est que sa démission est réellement un éloignement”, nous fait remarquer cet observateur. En effet. Entre numéro deux du royaume et numéro un des Rhamna, il n'y a pas photo.
Dans tous les cas, il va sans dire que la surprise du chef a traversé, dès son officialisation le 7 août, le landerneau politique comme une onde de choc. “Quoi ? El Himma parti ? Et, qui plus est, pour se présenter aux élections ?”. Personne n'a encore fait le tour de la question. Mais tous, à des degrés différents, ont eu raison de s'inquiéter du départ de “Si Fouad”. “Partis et décideurs ont été d'un seul coup privés de leur interlocuteur numéro un, ils se sont un peu retrouvés orphelins de la voix du Makhzen”, résume cet observateur. El Himma s'occupait de tout, même s'il ne gérait pas à lui seul tous les dossiers. Consulté, écouté, son champ d'intervention était si large que l'imaginer un seul instant loin des affaires, et ne s'occupant plus de rien (sinon de sa campagne électorale), peut, effectivement, ébranler le quotidien de l'élite marocaine. Ce n'est pas tout : en quittant le gouvernement avant de se présenter aux élections, le numéro deux du régime met à mal les ministres candidats aux élections (ils sont treize dans ce cas) qui, eux, n'ont pas quitté leurs fonctions… Même si personne n'a imité El Himma, son initiative, quelles que soient ses motivations, a valeur de symbole. Et un symbole positif. Un ministre qui démissionne (ou que l'on démissionne) avant de se porter candidat aux élections est une pratique nouvelle, qui participe bien à la moralisation de la vie politique. Qui peut dire le contraire ?
La théorie de la “démission sincère du citoyen El Himma” a, bien entendu, ses adeptes. Qui se gardent bien de se projeter au-delà des élections. Ecoutons, par exemple, le point de vue de Jamal Berraoui, un journaliste qui connaît bien le profil du personnage. “Pour moi, il n'y a aucune manœuvre politique là-dedans. La démarche me semble sincère parce qu’El Himma a grandi avec la perspective de participer à la gestion de la chose publique, à faire directement de la politique. En se portant candidat aux législatives, il va dans le sens d'un Maroc des institutions (Parlement, gouvernement, etc.), et il prouve que toute la littérature sur le nouveau Basri, l'homme fort du régime, etc., ne tient pas la route”.
Futur Premier ministre ?D'autres observateurs, plus ou moins proches des affaires du sérail, soutiennent mordicus que, congédié ou pas, El Himma n'aurait eu l'idée de démissionner pour se présenter aux élections qu'après avoir essuyé une colère royale. Selon cette théorie, invérifiable pour le moment, le souverain aurait clairement reproché à son (ancien ?) bras droit la gestion courante des soubresauts de l'actualité marocaine du début d'été : vrai-faux départ de Mounir Majidi, implication des militaires dans l'affaire Al Watan, etc. “La tension, déjà palpable entre les deux hommes, a décuplé au lendemain de l'escapade d'El Himma au poste-frontière de Bab Sebta, début aôut, quand il a fait irruption pour donner des instructions aux uns et aux autres et chambouler tout le service d'ordre de part et d'autre de la frontière maroco-espagnole”. Les adeptes de la théorie du clash soutiennent qu'un poste de wali aurait même été suggéré à El Himma, avant que ce dernier ne trouve le moyen de maquiller “honorablement” sa sortie en se présentant aux élections… Intéressant, mais invérifiable.
Il est par ailleurs intéressant de relever que dans toute l'histoire marocaine, jamais un haut responsable n'a démissionné pour se présenter aux élections. A une exception, survenue en 1977, comme nous le relate l'historien Abdellatif Jebrou. “Le régime voulait à l'époque le retour du Docteur Benhima au poste de ministre de l’Intérieur, en lieu et place de Haddou Chiguer. On a donc invité ce dernier à se présenter aux élections, chose qu'il a faite (sous la bannière du RNI, alors tout nouveau parti fondé par Ahmed Osman)… pour céder effectivement la place à Benhima. En gros, c'était une comédie mise en scène par le système”.
L'anecdote de Chiguer donne pour le moment du crédit à la théorie du clash/ éloignement d'El Himma. Mais l'histoire récente nous enseigne qu'un éloignement n'est pas forcément définitif. Rochdi Chraïbi, discret mais proche conseiller royal, n'a-t-il pas été tenu à l'écart des affaires avant d'opérer un retour en douce depuis quelques mois ? Mounir Majidi, argentier du roi, n'a-t-il pas été sérieusement ébranlé par l'affaire des terrains des Habous, avant de revenir en grâce, comme si de rien n'était ? Et puis, en l'état actuel des choses, le Pouvoir peut-il se permettre d'échanger, en un claquement de doigts, un El Himma, homme de tous les dossiers chauds, contre un El Himma député des Rhamna ? Pas si simple.
Pour commencer, le candidat El Himma a toutes les chances de remporter un nouveau mandat de député, lui qui a déjà représenté les Rhmana, sa région natale, entre 1995 et 1997. Au lendemain des élections, il peut parfaitement être coopté dans la prochaine configuration gouvernementale. Et là, toutes les éventualités sont envisageables, même celle d'un El Himma Premier ministre. Ce serait une (petite) défaite pour la démocratie dans le sens où la primature devrait revenir au leader d'un parti sorti vainqueur des urnes. Mais, après tout, Driss Jettou, technocrate et sans appartenance politique, n'a-t-il pas été porté à la primature en 2002, au lendemain des premières élections honnêtes du royaume ?
Ce cas de figure n'est pas le seul. Il en existe un autre, intermédiaire, qui pourrait arranger tout le monde : le candidat El Himma franchit avec succès l'examen des élections et rejoint la cohorte des conseillers royaux. Ce ne serait pas illogique. Car, alors, le long vécu du personnage (23 ans dans les couloirs du ministère de l'Intérieur !) ne partirait pas en fumée...



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Campagne. Monsieur est un “SEP”


“Je ne suis pas un SAP (sans appartenance politique), mais un SEP (sans étiquette politique)”, répond Fouad Ali El Himma à ceux qui ont fait le déplacement aux Rhamna, pour suivre sa campagne électorale. Le message est clair : “Je ne peux pas me présenter sous la bannière d'un parti existant, mais je suis bien un politique”. L'ancien ministre délégué à l'Intérieur fait partie des 13 SAP (pardon, SEP) qui se présentent aux élections du 7 septembre. Il a recueilli, d'après son entourage, plus de 600 signatures, dont celles de 80 élus de la région. Le candidat El Himma conduit par ailleurs une liste de trois personnes, avec Hamid Narjiss, qui n'est autre que son oncle (et directeur de l'Institut national de recherche agronomique), et Fatiha Layadi, responsable au ministère de la Communication et ancienne journaliste. La liste compte bien rafler les trois sièges en jeu aux Rhamna. Et elle a des chances d'y parvenir, malgré la forte concurrence de partis comme le RNI, l'USFP, voire l'Istiqlal ou le PJD. Sur le terrain, la population semble en partie croire que le candidat a été “envoyé (par le Palais)”. “Rahoum sayfouth lina”, répètent ainsi à volonté femmes et hommes des Rhamna. “Avec lui, au moins, on est sûrs que notre région bénéficiera davantage des effets du développement humain”. Car les Rhamna est une région pauvre, au rendement agricole bien en deçà de ses potentialités (“D'où le choix du tracteur comme icône de la liste El Himma”, explique-t-on dans son entourage) et dont l'un des chefs-lieux, Benguérir, a entamé une mort lente depuis l'inauguration de l'autoroute Casablanca - Marrakech. Enfin, retenons pour le fun que la campagne du candidat El Himma a reçu le soutien de nombreuses personnalités, parfois inattendues, comme les footballeurs Hassan Nader ou Mustapha El Haddaoui, l'athlète Hicham El Guerrouj, des personnalités de la société civile comme Mohamed Mjid, Ahmed Khchichen, etc.


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Plus loin. Un candidat pas comme les autres

Fouad Ali El Himma simple candidat à Benguérir a quelque chose d'irréel. Car l'homme est le principal interlocuteur de toute la classe politique réunie, celui, pour reprendre l'expression d'un observateur, “qui la mène par le bout du nez”. En plus d'être le plus proche collaborateur du roi. Que cet homme quitte son piédestal pour plonger dans la mêlée électorale, et nous voilà noyés dans un bain d'interrogations. Désolés, on n'a pas l'habitude. Le Maroc n'a pas connu d'homme abandonnant son costume de numéro deux pour un hypothétique siège au Parlement. Ce serait trop beau. Maintenant, la candidature d'El Himma pose une série de problèmes. Le combat peut-il être équitable entre ce ponte de l'Intérieur, largement perçu par les autochtones comme étant “l'envoyé (du Palais)”, et les autres candidats de la région des Rhamna ? Les autorités locales peuvent-elles rester de marbre devant ce candidat qui les coiffait de son autorité, il y a quelques semaines encore ? Et puis, se présenter sans appartenance politique n'est-il pas incommode dans un pays qui bat campagne pour inciter les gens à adhérer aux partis politiques ? Ces interrogations méritent réflexion même si, de toute évidence, la candidature d'El Himma semble répondre à d'autres desseins. L'homme doit avoir son avis sur la question. Nous, on a juste l'impression qu'une redistribution des cartes est peut-être en train de s'opérer dans les coulisses. L'éclipse officielle d'El Himma renforce aujourd'hui, de facto, les prérogatives d'un Chakib Benmoussa, ministre de l'Intérieur, voire d'un Yassine Mansouri, l'autre spécialiste du renseignement et de la gestion (plus discrète) des dossiers chauds. Mais son arrivée au Parlement promet, elle, de perturber ses futurs occupants, mais aussi la prochaine équipe gouvernementale. Bien malin celui qui pourrait en dire plus. Pour le moment.



Karim Boukhari
TelQuel

mardi 4 septembre 2007

la ville nouvelle de Bab Zaers

Le site est splendide. Un paysage de collines cuites par le soleil, des champs de blé qui attendent d'être retravaillés. Au loin, la touche verte d'une forêt d'eucalyptus. Pas un bruit, sauf celui d'un vent chaud. Pas une habitation hormis, deux fermes et un haras oublié. Pas un être humain mais des centaines de sangliers qui déambulent en groupes sur les rares chemins de terre.
Nous sommes sur la commune d'Oum Azza, à moins de 30 kilomètres de Rabat, la capitale marocaine, et de son agitation. Et cette proximité va bouleverser le destin de cette terre oubliée d'Oum Azza : une ville nouvelle va surgir ici, sur ce domaine agricole de plus de 3 000 hectares, soit la moitié environ de la surface de Paris. Elle s'appellera Bab Zaers.
Les plans de masse en sont déjà dessinés. L'administration a donné un premier feu vert de principe. Les capitaux devraient suivre. "L'été prochain sera donné le premier coup de pioche. Les habitants commenceront à s'installer dans trois ans. Et d'ici quinze ou vingt ans, 80 000 personnes vivront ici", assure celui qui est le coordinateur du projet, l'économiste Benabderrazik El-Hassan.

SOUCI D'AUTONOMIE
La démographie commande. Posée en bord de mer, corsetée par le chapelet de villes qui l'entoure, Rabat est à l'étroit. Les loyers y sont devenus prohibitifs tandis que l'agglomération n'en finit pas de s'étaler. Sa population a plus que doublé en une décennie. D'où les projets de villes nouvelles. Bab Zaers n'est pas le seul. Sur le même axe, l'Etat a lancé les travaux de Tamesna, une ville-champignon qui, à terme, accueillera 250 000 habitants. Qu'est-ce qui fera l'originalité d'Oum Azza ? Peut-être ce souci de ne pas être une cité-dortoir, mais une ville autonome. "On ne veut pas que la transhumance soit la règle. Près de 70 % de la population vivra sur place", assure M. El-Hassan.
Le futur parc industriel - orienté vers les services - en emploiera une partie. D'autres travailleront sur les exploitations agricoles qui nourriront la population locale. Souci d'autonomie aussi en matière d'eau, une denrée de plus en plus rare. En 2008, commencera la construction d'une douzaine de petits barrages qui recueilleront l'eau de pluie pour permettre à Bab Zaers d'être autosuffisante. "On veut peser le moins possible sur les services publics, dont les moyens dans les pays du tiers-monde sont limités. On a travaillé dans ce but avec des cabinets indiens. Dans leur pays, ils sont confrontés au même problème", dit l'architecte du projet, Tarik Oualalou, présent au Maroc, en France et aux Etats-Unis.
Hormis l'élargissement de la route qui mène à Rabat et le renforcement du réseau électrique, l'Etat n'aura pas un dirham à débourser. Les travaux d'infrastructures sont pris en charge par la société d'aménagement privée, tout comme les bâtiments publics de la future ville (école, centre de santé, poste de police et de gendarmerie). Ils seront soit loués à l'Etat soit cédés à titre gratuit (mosquées).
"Nous avons offert plusieurs dizaines d'hectares pour une future université. Le site se prête à l'installation d'un campus convivial", ajoute M. El-Hassan. Pour le reste, le schéma est plus classique. Une fois les infrastructures de base achevées (routes, réseau d'eau, d'assainissement...), la société d'aménagement du site va progressivement vendre des parcelles que lotiront des promoteurs."Le cahier des charges sera strict", affirme M. Oualalou. Il y aura beaucoup de verdure, pas de barre de béton ni d'immeubles de plus de quatre ou cinq étages. "Il fera bon vivre dans cette ville où toutes les couches sociales seront représentées", dit-il.

"PRINCE ROUGE"
Le côté piquant de l'affaire tient à l'identité du père du projet, qui n'est autre que le "prince rouge", Moulay Hicham, le cousin germain du roi Mohammed VI, avec qui il entretient des relations distantes et compliquées. Propriétaire des terrains de la future ville avec d'autres membres de sa famille, Moulay Hicham assure qu'il n'aura guère de mal à mobiliser des investisseurs marocains et étrangers pour financer les travaux d'aménagement (150 millions de dollars pour la première tranche) et faire venir des promoteurs. Il sait que rien ne pourra se faire contre la volonté de son royal cousin. Si la ville nouvelle sort de terre, elle scellera peut-être la réconciliation entre les deux hommes.

Jean-Pierre Tuquoi
Le Monde

lundi 3 septembre 2007

Des élections sans enjeu



Les Marocains semblent se désintéresser des élections législatives du 7 septembre. Entre une presse étroitement surveillée et des résultats que le palais compte bien contrôler, l'enjeu est en effet mince. Reste la rue pour s'exprimer... et Internet pour se défouler.
Vendredi 7 septembre, le Maroc se choisit un nouveau Parlement. Mais de toute façon, le résultat de ces élections se décidera au palais et nulle part ailleurs. Non pas que les autorités marocaines s'abaisseront à bourrer les urnes. Non, pourquoi des solutions aussi vulgaires alors qu'il suffit de travailler un peu en amont pour éviter les mauvaises surprises ? Par exemple, pour être sûr de ne pas avoir de majorité absolue, il suffit d'un mode de scrutin qui favorise les petits partis. Ils seront 33 à se disputer vendredi prochain le vote des Marocains.
Il suffit ensuite de redécouper habilement les circonscriptions électorales. Ou encore de s'assurer de la loyauté des principaux partis et candidats. Bref, le Maroc officiel s'est depuis longtemps préparé à cette élection et à son résultat. Tous les Marocains savent cela. Le défi est d'en trouver la trace dans des quotidiens et magazines locaux étroitement surveillés. Pour avoir simplement effleuré ces questions qui fâchent, le directeur des hebdomadaires Nichane et TelQuel est poursuivi par la justice marocaine pour "manque de respect envers le roi". Aussi pour trouver dans la presse marocaine un peu de vérité sur ces élections, il faut faire œuvre d'archéologue et avec un pinceau délicat aller chercher les perles au milieu de dizaines et de dizaines d'articles tous plus convenus les uns que les autres.
Prenez le quotidien Le Matin par exemple. Dans un article intitulé "La campagne est là et la vie continue", le journaliste est allé à la rencontre des Marocains. Premier constat pour ce confrère faussement surpris, la question qu'on lui pose le plus souvent est : "Quand est-ce qu'on vote ?" On est tout de même à une semaine du scrutin. Et puis ajoute-t-il, "mis à part quelques bureaux d'information difficilement repérables", rien n'indique l'approche d'une élection importante. Pire encore : "Les bureaux en question ont nettement moins de succès que les vendeurs de sandwichs ou de gadgets made in China." L'explication est toute simple. "Les commerçants, eux, vendent de vraies marchandises et pas des paroles en l'air." Et toc.
Il y a ceux qui répondent qu'une fois les élections terminées, il faudra attendre cinq ans pour revoir un élu, sauf peut-être à la télévision. Et puis il y a ceux qui carrément promettent de raccompagner à coup de pied dans le cul le premier candidat qui ose pointer son nez. En fait, les seuls à être ravis du déroulement de cette drôle de campagne sans véritables enjeux sont quelques jeunes comme Adil qui, pour 200 dirhams par jour (18 euros), distribuent des tracts pour un des 33 partis en lice. Lui et son copain Hamid parcourent les petites ruelles de la médina de Rabat et le parti les chouchoute : non seulement ils sont payés, mais on a mis à leur disposition un vélomoteur et on leur paie leurs repas ! En creux, ça veut aussi dire que le parti en question n'a pas assez de militants dévoués pour assurer la distribution.
Dans cette situation où les candidats sont médiocres et où la population se méfie, il semble ne pas y avoir beaucoup de place pour l'idée de démocratie. Et bien si ! L'hebdomadaire Le Journal raconte les aventures d'un empêcheur de gouverner en rond nouveau genre. En quelques semaines, un vidéaste amateur et anonyme qui s'est donné comme nom de guerre Al-Qanâs – autrement dit "Le sniper" – est devenu la coqueluche de l'Internet marocain. En fait, le sniper en question a tout simplement braqué une caméra cachée sur un barrage de police du côté de Tétouan. La vidéo de dix minutes montre deux policiers en train de racketter des automobilistes. Mais ils ne choisissent pas n'importe quelle voiture : uniquement les Mercedes 207 D immatriculées dans le coin. Parce qu'ils savent que ce sont les modèles préférés des trafiquants, principalement de cannabis. Autrement dit, ils se sont installés au milieu de la route principale pour prélever la dîme. Les automobilistes semblent si habitués qu'ils ne s'arrêtent pas mais ralentissent, le temps d'échanger avec le policier une poignée de main et un gros billet.
Mais le plus drôle, c'est lorsque les deux pandores se mettent au garde-à-vous en voyant un 4x4 banalisé : leur supérieur hiérarchique, suppose-t-on, qui vient inspecter l'efficacité du dispositif. La vidéo a évidemment été mise sur YouTube et DailyMotion, deux sites de partage de vidéos. Et elle a été visionnée par des dizaines de milliers d'internautes. "Des Qanass", écrit l'hebdomadaire. "Ils sont un paquet à avoir choisi la Toile pour exprimer leur rage avec plus ou moins de talent mais un sens de la contestation de plus en plus élaboré. L'audience et l'interactivité du Net leur procurent l'anonymat et une popularité sans pareille. Mais aussi une liberté de ton qu'aucun autre média ne peut satisfaire. Et leur impact est d'autant plus grand que les contraintes se multiplient depuis quelques années sur la presse traditionnelle. Comme la parabole avait révolutionné et démocratisé la télévision il y a une quinzaine d'années, face aux chaînes officielles, l'Internet libère aujourd'hui le citoyen de la censure."
Vous avez remarqué, dans la dernière phrase du journaliste il y a le mot citoyen. En fait, dès qu'on parle de liberté et de subversion, tout à coup, les Marocains cessent d'être des sujets de Sa Majesté Mohamed VI pour devenir des citoyens.



Anthony Bellanger
Courrier international

dimanche 2 septembre 2007

Maroc: soleil, chameau ou réveille-matin, des bulletins de vote illustrés



RABAT (AFP) — "Notre symbole? Un réveille-matin. Sa signification est claire: nous demandons aux Marocains de se réveiller et d'être actifs et responsables", explique la porte-parole de l'"Alliance des Libertés", un parti qui se présente comme "libéral".

Au Maroc, où l'analphabétisme touche plus de la moitié de la population, tous les partis se dotent d'un symbole (astre, animal, plante ou objet) pour faciliter le vote.

Les trois formations islamistes ont opté pour des symboles liés à la lumière. "Tout doit être clair pour les citoyens et nous souhaitons leur prouver que notre programme l'est aussi", explique un porte-parole du parti "Annahda wal Fadila" (Renaissance et vertu), issu d'un scission récente du PJD (islamiste). Ils comptent sur le soleil afin d'assurer leur rayonnement.

Les militants islamistes du jeune parti "al Badil al Hadari" (Alternative civilisationnelle) mènent campagne, arborant des tee-shirts ornés d'un phare, car "c'est le symbole de la sécurité, du guide qui permet d'éviter les écueils la nuit".

Quant à la principale formation islamiste, le Parti de la Justice et du Développement (PJD), il a choisi la lanterne comme symbole de sa "transparence". "Elle orne aussi les CD que nos militants distribuent sur les marchés", déclare un militant.

Le PJD, comme d'autres partis politiques, répond aux critères de représentativité établis pour bénéficier de l'aide de l'Etat. Il assure que sa part ne couvre qu'en partie les frais de ses candidats qui pour la première fois se présentent dans toutes les 95 circonscriptions du royaume.

Bien implanté dans les campagnes, le Mouvement Populaire (MP), a opté pour un signe plus bucolique: l'épi de blé et pour le vieux parti nationaliste de l'Istiqlal ce sera une balance afin d'"inciter à la mesure et à l'égalité, pour que personne ne se retrouve sans rien alors que d'autres ont beaucoup, voire trop", affirme un militant.

Les socialistes de l'USFP arborent la traditionnelle rose tandis que des petites formations se sont rabattues sur le chameau, la gazelle ou le palmier, plus "couleur locale".

"Notre symbole, deux travailleurs main dans la main, représente nos valeurs: solidarité, fraternité et sincérité", explique un membre du jeune parti Travailliste.

Le sociologue Aderraziq Elassir estime que "les sigles n'ont pas une influence réelle sur le vote des citoyens" et critique la "démagogie" de nombreux candidats qui "tirent profit de l'analphabétisme et du faible degré de conscience d'une grande partie des électeurs".

Le ministère de l'Intérieur révèle que 57% des électeurs sont sans instruction, et seulement 7% d'entre eux ont un niveau d'enseignement supérieur.

"Un effort a été fait en direction des minorités. Certains partis doublent leurs tracts d'une version en tamazight (berbère)", note ce sociologue. En revanche, si des sites internet ont été mis en place, seuls 13% des Marocains sont équipés en ordinateurs.

"Les symboles sont enregistrés auprès du ministère de l'Intérieur, il est donc difficile d'en changer, d'autant plus que la population doit pouvoir se repérer d'une élection à l'autre", explique un militant.

Le Parti National Démocrate (centre-droit) a choisi la clé et il s'est allié avec le parti Al Ahd qui avec humour a adopté la voiture comme symbole électoral. "Les deux se marient bien", ajoute un responsable.

Quelque 15,5 millions de Marocains éliront le 7 septembre 325 députés issus de 33 partis contre 26 partis en 2002.